Lire ou lire : « Le ventre de l’Atlantique » de Fatou Diome

Jeudi, Avril 21, 2022 - 20:18

Publié à Paris aux éditions Anne Carrière, le roman « Le ventre de l’Atlantique » est l’un des classiques de la littérature africaine. Avec une écriture alerte et réaliste, l’écrivaine sénégalaise y aborde le thème de l’immigration.

Salie, l’héroïne du récit, est née dans un village du Sénégal. Par un concours de circonstances malencontreuses, elle se voit contrainte de prendre le chemin de l’exil, destination la France, pays de rêve pour beaucoup de jeunes Africains souvent mal éclairés.

Pendant qu'elle est confrontée aux dures réalités de la France, notamment les maux liés au racisme et à la peur de l’étranger venant de l’Afrique, ailleurs le ventre de l’Atlantique continue d’avaler de centaines d’aventuriers qui considèrent l’Europe comme un eldorado.

Parmi ces rêveurs de l’exotique existence, il y a le frère de l’héroïne qui désire mener une grande carrière de footballeur en Europe. Seulement à la chute de l’histoire, celui-ci renonce à ce projet illusoire en se créant une activité lucrative assez satisfaisante chez soi.

Autour du thème majeur de l’immigration, la romancière entrelace quelques autres thématiques relatives au prosélytisme islamique, à la polygamie, à la servitude féminine accentuée par les pesanteurs traditionnelles, etc. Ce roman bien écrit offre une lecture suave dévoilant par une trame sociocritique le large fossé existentiel entre l’Occident et l’Afrique, avec ses corollaires de complexes. L’auteure ne se limite pas seulement à la peinture des faits, mais elle dissèque au scalpel les causes de ces phénomènes sociaux toujours en vogue et les raisons de leur pérennisation.  

« Qu’adviendrait-il de ces déferlantes de progéniture ? Tous ces régiments bientôt décimés sur la zone rouge du tiers-monde, par le sida, la dysenterie, le paludisme et les bazookas économiques dirigés vers nous depuis l’Occident. Dévaluation ! Démolition de notre monnaie, de notre avenir, de notre vie tout court ! Sur la balance de la mondialisation, une tête d’enfant du tiers-monde pèse moins lourd qu’un hamburger », écrit-elle à la page 185.

Fatou Diome est aussi auteure de « La préférence nationale », « Celles qui attendent », « Impossible de grandir », « Marianne porte plainte ! », etc.

Aubin Banzouzi
Légendes et crédits photo : 
La couverture du livre/DR
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