Les immortelles chansons d’Afrique : « Jamais kolonga » de Tino Baroza

Jeudi, Avril 21, 2022 - 19:47

Tino Baroza est compté parmi les virtuoses de la guitare dans l’écosystème musical congolais qu’il a impacté en y apportant sa touche particulière. Auteur-compositeur, il a séduit les mélomanes avec son titre « Jamais kolonga ».

Paru au début des années 1960, le titre « Jamais kolonga » fut écrit est composé par Tino Baroza sur proposition de Joseph Kabasele, alias Kallé. En fait, c’est une chanson que Kallé dédie à son ami Jean Lema, surnommé « Jamais kolonga », pour avoir dansé le boléro avec une Européenne lors d’un mariage à une période où la mixité entre Africains et Européens était chose rare. Cet exploit lui a valu le sobriquet de « Jamais kolonga » qui signifie « Jamais vaincu ».

Avant la sortie de ce morceau, « l’African Jazz » connut plusieurs dissensions et fut scindé en deux. L’aile de Nico Kassanda et l’aile de Kallé. Entre-temps, Tino Baroza, qui avait quitté l’African Jazz, va rejoindre Kallé à Bruxelles pour effectuer plus de quatre-vingt-dix enregistrements. La chanson « Jamais kolonga » marquera cette épopée et résonnera comme une réponse de Kallé aux dissidents, comme quoi il est invincible. Grâce à ce titre, il s’est maintenu au firmament de la musique congolaise si bien que plusieurs mélomanes ont cru qu’il était l’auteur de l'œuvre.

 Ce morceau qui fait partie des classiques de la musique congolaise fut revisité par Papa Wemba sous le titre « Etaleli ». Succès incontesté, « Jamais kolonga » a été enregistré sous plusieurs références. Nous n’en retenons que deux : African-360.107 et surboum Jazz Africain-A.J.M004. Ce hit dispose d’une entrée en pièce instrumentale dominée par les intonations de saxophones d’Edo Clary et de Manu Dibango soutenues par la guitare basse, la guitare accompagnement, le tambour et les maracas. Cette  mélodie donne l’occasion à Kallé et Roger Izeidi de Chanter en polyphonie : « Simba ngai makasi soki otiki ngai nde na kokweya, bolingo eleki ngai ekoteli ngai ti na motema », que l'on peut traduire par : « Tiens-moi fermement, si tu me laisses je tomberai, l’amour m’inonde à telle enseigne qu’il est même entré dans mon cœur ».

 De son vrai nom Emmanuel AntoineTshilumba wa Baloji, dit Tino Baroza, il naquit à Boma, en République démocratique du Congo, en 1930. Il apprend à manier la guitare auprès de Zacharie Elenga Jhimmy et de Charles Mwamba. En 1950, il intègre le groupe Bana Opika. En 1953, il est à la création de l’African Jazz. Quelque temps après, il intégrera l’orchestre Rock-A-Mambo. Entre 1957 et 1958, il fait partie du Rock-African, l’alliance entre Rock-A-Mambo et African Jazz. En 1959, il est dans Began Band qui se disloquera en 1960. La même année, il crée l’orchestre Kin Kassonade et rejoindra Kallé pour des enregistrements à Bruxelles. Il décède en 1968 au Cameroun, où il avait élu domicile.

Frédéric Mafina
Légendes et crédits photo : 
La pochette de l'album
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