A l’Assemblée nationale, rien de bouge depuis un temps. La Chambre basse du Parlement est, en effet, à l’arrêt depuis le report de l’examen de la proposition de loi portant modification de la loi électorale.
Renvoyées sine die depuis le boycott, le jeudi 14 avril, par les députés de Front commun pour le Congo (FCC), de la plénière consacrée à l’examen des propositions portant sur la réforme électorale, les discussions sur cette question tardent à être engagées. Le président de l’institution parlementaire, Christophe Mboso, peine à convaincre les députés frondeurs à regagner l’hémicycle au grand dam des congolais lassés par des scènes d’humeur de leurs représentants en lutte récurrente et effrénée de positionnement.
Dans le camp de l’ex-président, Joseph Kabila, on semble se complaire dans cette situation lorsqu’on s’en tient au refus opposé aux incessantes sollicitations du président Christophe Mboso, faisant fi du délai de grâce leur accordé par le speaker de la Chambre basse pour « revenir aux meilleurs sentiments ».
Le FCC qui croit à ses convictions, estime qu’il y a anguille sous roche dans la proposition de loi électorale sous examen qui aurait été programmée sans qu’un consensus politique n’ait été trouvé en amont entre les différentes forces politiques en présence. De ce fait, le FCC et alliés pensent bien recadrer les choses en exigeant au préalable qu’un consensus soit trouvé autour dudit processus électoral, mais que cela se fasse en dehors des institutions.
Les fidèles de Joseph Kabila vont plus loin en exigeant qu’on fasse table rase de toute l’architecture électorale, depuis la mise en place du nouveau bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) que dirige Denis Kadima qui ne leur inspirerait pas confiance. Pour tout dire, les députés du FCC redoutent des élections truquées qui consacreraient le triomphe de Félix Tshisekedi en 2023 estimant que ce dernier a, pour le besoin de la cause, verrouillé le système en mettant sous sa coupe, les deux Chambres du Parlement, la Cour constitutionnelle et la Céni. Ce qui, de leur point de vue, ne garantit pas un processus électoral juste et transparent.
Non à un énième dialogue !
Pour leurs pairs de l’Union sacrée qui disent s’inscrire dans le schéma constitutionnel, il n’est pas question d’acquiescer à la requête du FCC. La loi électorale ne pourra pas être discutée en dehors du Parlement, ont-ils fait savoir dans une contredéclaration.
En clair, révèlent les parlementaires de l’Union Sacrée pour la Nation (USN), une telle attitude dissimule mal les velléités de la famille politique de Joseph Kabila de conduire le pays vers un nouveau dialogue en dehors de l’Hémicycle qui ne viserait que la non-tenue des élections dans le délai constitutionnel et le partage du pouvoir, sans le concours du peuple. Une attitude antidémocratique qui tend à bloquer le processus électoral et pérenniser la culture du glissement et des dialogues récurrents de partage de pouvoir, se convainquent les députés de l’USN.
Entre le besoin d’engager le pays sur la voie d’un énième dialogue entre les principaux acteurs politiques sur des préoccupations substantielles en vue de dégager un consensus pour des réformes à intégrer dans la loi électorale, et le refus d’une redistribution des cartes susceptible de conduire à un énième glissement, le Parlement est donc appelé à trancher, ou mieux, à choisir ce qui est mieux pour le peuple congolais. Dossier à suivre.