Guerre en Ukraine : l’Afrique a besoin d’indépendance alimentaire

Mercredi, Avril 27, 2022 - 11:42

L’Afrique doit sortir de sa dépendance aux importations alimentaires, selon le chef de la Banque africaine de développement (BAD). Le grand défi est celui des engrais, l’approvisionnement étant affecté par les sanctions dans le contexte de la guerre russe en Ukraine.

Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a appelé l’Afrique à « se préparer à l’inéluctabilité d’une crise alimentaire mondiale ». Il s’exprimait à l’occasion de l’Africa Center de l’Atlantic Council sur les priorités de l’Afrique. Akinwumi Adesina a appelé à prendre conscience de l’urgence face à une convergence exceptionnelle de défis mondiaux pour le continent, ne se produisant qu’une fois par siècle. Les pays les plus vulnérables du continent ont été les plus durement touchés par les conflits, le changement climatique et la pandémie de covid-19. « Ce qui a anéanti des progrès économiques et sociaux en Afrique », a-t-il déclaré. L’Afrique, dont les taux de croissance du produit intérieur brut sont les plus faibles, a perdu trente millions d’emplois à cause de la pandémie. S’agissant de la  guerre entre la Russie et l’Ukraine, celle-ci a impacté une grande partie de la planète, notamment l’Afrique.

Ces deux pays, la Russie et l'Urkraine, fournissent 30 % des exportations mondiales de blé, dont le prix a augmenté de 50 %, atteignant le niveau de la crise alimentaire mondiale de 2008. De même, les prix des engrais ont triplé et ceux de l’énergie ont augmenté, alimentant l’inflation. « Le triplement du coût des engrais, l’envolée des prix de l’énergie et l’explosion du prix du panier de la ménagère pourraient s’aggraver en Afrique dans les mois à venir ». 90 % des quatre milliards de dollars d’exportation de la Russie vers l’Afrique en 2020 étaient constitués de blé et 48 % des trois milliards de dollars d’exportation de l’Ukraine vers l'Afrique étaient constitués de blé et 31 % de maïs. Pour éviter la  crise alimentaire, l’Afrique doit accroître sa production alimentaire. « La BAD est déjà à pied d’œuvre pour atténuer les effets de cette crise alimentaire par le biais de la Facilité africaine d’intervention et d’urgence en cas de crise alimentaire, un mécanisme spécifique qu'elle entend mettre en place pour fournir aux pays africains les ressources dont ils ont besoin pour augmenter la production alimentaire locale et se procurer des engrais  », a-t-il révélé, ajoutant : « Mon principe est simple : l’Afrique ne doit pas mendier. Nous devons résoudre nous-mêmes nos propres défis sans dépendre des autres… ».

Une crise tridimensionnelle occasionnée par la guerre en Ukraine

Plus de 70 % des économies africaines sont menacées par la guerre de la Russie en Ukraine, indique un rapport des Nations unies, qui souligne que quarante et un pays africains sont exposés à au moins une situation d’urgence, à cause de la guerre. « La guerre alimente une crise tridimensionnelle – alimentaire, énergétique et financière – qui frappe les personnes, les pays et les économies les plus vulnérables du monde », a averti le patron des Nations unies, Antonio Guterres. Plus de 1,7 milliard de personnes dans cent sept économies sont exposées à au moins un des trois risques mis en évidence par le Groupe de réponse à la crise mondiale. Le rapport appelle à une utilisation immédiate et efficace de tous les mécanismes existants pour aider les pays qui souffrent directement de la guerre et de ses conséquences.  Les pays africains étant parmi les plus vulnérables à la crise imminente.

Le président de la BAD a évoqué les premiers succès enregistrés grâce à une initiative innovante de la Banque, le programme phare  « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine », qui porte sur neuf filières alimentaires dans plus de trente pays africains. Il pourrait aider quarante millions d’agriculteurs à augmenter leurs récoltes pour nourrir 200 millions de personnes. « S’il n’y a jamais eu un moment pour augmenter radicalement la production alimentaire en Afrique, c’est maintenant », a-t-il martelé. Le chef de l’Organisation des Nations unies, à son tour, a procédé à la nomination de six chefs d’État comme champions mondiaux chargés de mener des actions de plaidoyer à l’échelle internationale et de susciter la volonté politique pouvant stimuler l’action. Il s’agit du président sénégalais, Macky Sall, et président en exercice l’Union africaine; du président indonésien, Joko Widodo; du chancelier allemand,Olaf Scholz; des Premiers ministres danois, Mette Frederiksen; de la Barbade, Mia Mottley; et du Bangladesh, Sheikh Hasina.

Noël Ndong
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