Interview : Antoine Beli Bokolojoué dresse le bilan des trente ans d’existence de l’OAC

Jeudi, Avril 28, 2022 - 14:30

29 avril 1992 - 29 avril 2022, l’Ordre des architectes du Congo (OAC) commémore cette année ses trente ans d’existence. En l’absence de l’organisation des activités y relatives, son président, Antoine Beli Bokolojoué, dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, a dressé le bilan de cette structure et parlé de son élection à la Conférence des présidents des Ordres des architectes de l’Afrique centrale, déplorant la non-implication de l’OAC dans l’élaboration des programmes d’enseignement à l’Institut des architectes de l’Université de Kintélé.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : L’OAC célèbre ce vendredi 29 avril ses trente ans d’existence. Quel bilan pouvez-vous dresser en cette période ?

Antoine Beli Bokolojoué (A.B.B) : Je voudrais tout d’abord rendre hommage à tous ceux qui ont présidé l’Ordre avant moi, notamment Edouard Ignace Nsatou, Jean Félix Demba Ntelo, Gaston Gapo, Jean Philippe Badinga-Mounzéo, Eugène Emmanuel Okoko et Camille Itoua, sans oublier tous ceux qui ont œuvré en faveur de l’architecture dans ce pays, notamment l’architecte Moukengué et l’ancien ministre Julien Bikou.

L’ordre a été créé par la loi n°013/92 du 29 avril 1992, promulguée le même jour par le président Denis Sassou N’Guesso. A ce jour, l’OAC est toujours en souffrance parce que la nouvelle loi portant titre et exercice de la profession des architectes n’est pas toujours passée en Conseil des ministres. A cela s’ajoutent la loi portant orientation sur l’architecture et le problème du statut des architectes fonctionnaires qui n’est encore pas réglé. De même, l’ordre n’a toujours pas un siège fiable. Ce sont les problèmes qu'il rencontre. Nous lançons un appel au gouvernement pour que les lois concernant l’architecture soient adoptées.

L.D.B : Outre ces problèmes, quels sont les progrès réalisés en trente ans d’existence ?

A.B.B : Nous avons, en trente ans d’existence, réalisé beaucoup de choses. Certains de mes prédécesseurs ont eu à diriger, comme vice-président de la sous-région dans le cadre de l’Union africaine, des architectes. Actuellement, nous sommes membres de la Fédération des architectes francophones d’Afrique (Fafa) et le Congo assure la vice-présidence chargée du genre, de l’insertion des jeunes architectes. Je viens d’être élu président de la Conférence des présidents des Ordres des architectes de l’Afrique centrale à Libreville par mes pairs. Cette institution est censée œuvrer pour l’intégration sous-régionale des architectes de l’Afrique centrale, c’est-à-dire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centre et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.

L.D.B : Que prévoit la feuille de route de la Conférence des présidents des Ordres des architectes de l’Afrique centrale ?

A.B.B : La première chose va être l’harmonisation des textes de différents pays, ensuite le problème de la libre circulation des architectes dans la sous-région et bien d’autres questions que nous avons. Il s’agit, par exemple, de la promotion de la fonction et de l’activité de l’architecte en Afrique centrale en favorisant les contacts entre les architectes, la promotion des échanges entre les architectes en ce qui concerne leurs intérêts professionnels, leur perfectionnement. Nous avons aussi la promotion du renforcement des capacités professionnelles des membres par l’organisation et le développement des formations continues et le soutien aux travaux scientifiques dans le domaine architectural…

L.D.B : Quelles sont les activités prévues dans le cadre de la célébration des trente ans de la création de l’OAC ?

A.B.B : Nous n’avons pas prévu des activités pour une question simple : nous n’avons pas des moyens. Nous avons écrit aux différentes institutions de la République pour nous aider, surtout au président de la République pour demander une distinction honorifique pour les architectes qui se sont distingués en trente ans. Donc nous attendons les décisions qui seront prises par les hautes autorités.

L.D.B : Vous dirigez l’OAC depuis 2014, quel est votre bilan et qu’est-ce que votre institution apporte à son tour à l’Etat ?

A.B.B : Ce que j’ai apporté, c’est de la visibilité. Vous vous en souvenez que pendant longtemps, les gens ignoraient ce qui était l’architecte ou l’architecture, on nous prenait pour des dessinateurs. Je pense qu’un grand travail a été fait à ce niveau-là. L’OAC a participé à l’élaboration de beaucoup de textes dans ce pays. Le dernier en date a été le code de l’urbanisme et de la construction où nous sommes allés même l’expliquer chez les sénateurs. L’expertise de l’Ordre a été récemment sollicitée dans le cadre de la réalisation de certaines activités du Projet de développement urbain et de restructuration des quartiers précaires à Brazzaville et Pointe-Noire ainsi que l’élaboration des plans locaux d’urbanisme.

Nous avons aussi tout fait pour que l’OAC soit présent dans des institutions internationales, surtout au niveau de l’Afrique. Je peux citer la Fafa mais aussi dans l’Alliance mondiale des architectes francophones. Aujourd’hui, l’OAC compte beaucoup dans les décisions qui se prennent au niveau de l’Union des architectes africains et de l’Union internationale des architectes. C’est ce travail qui a fait qu’on puisse porter le Congo à la tête de la Conférence des présidents des Ordres des architectes de l’Afrique centrale.

L.D.B. L’Université Denis-Sassou-N’Guesso a lancé, il y a environ un an, ses programmes d’enseignement. Votre expertise avait-elle été sollicitée concernant l’Institut des architectes ?

A.B.B : Nous remercions le président de la République d’avoir doté le pays d’une deuxième université publique, parce que nous connaissons son souci pour l’éducation et la formation de nos jeunes. A ce titre, au sein de l’Université Denis-Sassou-N’Guesso, il a été créé un institut d’architecture. Malheureusement, nous n’avons pas été associés dans la démarche d’élaboration des programmes au sein de cet institut. L’OAC, en tant que tel, n’a jamais été associé à cette démarche. Par ailleurs, dans le souci de faire avancer les choses, l’Ordre a pris contact avec les dirigeants de cette université mais n’a jamais eu à ce jour une suite. La seule question que l’on se pose, c’est l’OAC qui demande un agrément d’une école d’architecture, c’est dans nos cabinets que les étudiants viendront faire des stages, mais s’ils n’ont pas de partenariat avec nous, où vont-ils aller ?

 

Propos recueillis par Parfait Wilfried Douniama
Légendes et crédits photo : 
Antoine Beli Bokolojoué/DR
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