Prix alimentaires : le FMI alerte sur les risques de troubles sociaux

Jeudi, Avril 28, 2022 - 16:12

Les graines de nouvelles émeutes de la faim sont-elles plantées en Afrique subsaharienne ? Un peu tôt pour le dire, mais la flambée des prix alimentaires fait craindre au Fonds monétaire international (FMI) des troubles sur le continent.

Les craintes à l'égard de la sécurité alimentaire se sont nettement accentuées avec la guerre en Ukraine et l'explosion des prix des denrées alimentaires, accroissant les risques de troubles sociaux au sein des pays vulnérables, a alerté jeudi l'institution de Washington dans un rapport régional.

"Nous sommes très inquiets de la récente flambée des prix des aliments et du carburant" sur le continent, prévient le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, relevant des risques de protestations sociales.

Les prix des denrées alimentaires ont atteint un nouveau record en mars et effacé le précédent plus haut de 2011, selon l'indice de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui inclut les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers. 

La progression des prix du blé est particulièrement préoccupante. L'Afrique subsaharienne en importe 85% de sa consommation, avec des montants particulièrement élevés en Tanzanie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Mozambique.

Plus largement, les importations de blé, de riz et de maïs représentent plus de 40% des calories consommées chaque jour par les habitants du Botswana, du Lesotho, de Maurice et du Cap-Vert, les pays les plus fragilisés par l'insécurité alimentaire étant Madagascar, la République démocratique du Congo et les Etats autour du Sahel.

Deux mois après le début de la guerre en Ukraine et alors que le conflit ne montre pas de signe d'accalmie, la hausse des prix des denrées alimentaires exacerbera l'insécurité alimentaire et les tensions sociales, craint le FMI.

C'est justement une forte augmentation des prix des aliments de base qui avait précédé les émeutes de la faim de 2008, des mouvements de protestations plus ou moins violents dans une trentaine de pays, notamment au Sénégal et au Cameroun, ainsi qu'au Maghreb et dans les Caraïbes.

Le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, pour sa part, a dressé un parallèle entre l'explosion de 2008 et la situation actuelle : les deux crises sont marquées par une flambée des prix alimentaires, du carburant, des engrais ainsi que des transports, a-t-il affirmé. La situation est même potentiellement plus problématique cette fois, en raison de deux années de pandémie et des risques majeurs que fait peser la guerre en Ukraine sur les récoltes de l'an prochain. 

Avec des dettes publiques élevées dans autant de pays, les marges de manoeuvre sont fortement diminuées, alerte le directeur Afrique, Abebe Aemro Selassie, qui appelle la communauté internationale à soutenir la région "de la manière la plus énergique possible". 

D'après AFP
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