Les immortelles chansons d’Afrique : « Rosalie Diop » de Nkouka Célestin

Jeudi, Avril 28, 2022 - 18:38

Avec une émouvante voix d’alto, des chansons savamment écrites, Nkouka Célestin dit Célio s’est imposé comme un chanteur de charme dans le microcosme musical congolais. Sa renommée a dépassé les frontières de son pays. Son titre « Rosalie Diop » est un standard de la musique congolaise.

En 1966, les Bantous de la capitale participent à deux événements majeurs. Le premier est le festival mondial des arts nègres, tenu à Dakar, au Sénégal, du 1 er au 24 avril ; le second est le 6 e sillon (sixième anniversaire de l’indépendance) de la Côte d’Ivoire. Leurs prestations furent couronnées par un succès triomphal. C’est, en effet, au Sénégal que Célio composera « Rosalie Diop » qui sera enregistré chez « Pathé », en format 45 tours, sous la référence PF 11.543.

Cette pièce musicale est le récit d’un jeune étranger épris d’une certaine Rosalie Diop. Son amour pour elle le pousse à prononcer le nom de cette dernière la nuit comme le jour. Ce nom, dit-il, est agréable. «Rosalie, kombo sukali na lolemo na ngai, butu na moyi se kotanga o. Pongi nazua wapi eh, nakomituna pona nini. Nzoka ebandeli ya bolingo, kasi nakobanga koyebissa yo, lokola pe nazali mopaya, okobanza nyonso lokuta, wana namemi kuluzu, Rosalie ». Ce qui pourrait se traduire par : « Rosalie, prénom sucré à ma langue, je le prononce nuit et jour. Où trouverai-je le sommeil ? Je me demande bien pourquoi cela m’arrive. Or, c’est le commencement de l’amour, mais j’ai peur de te l’avouer car je suis un étranger et je crains qu’en retour, tu le prennes comme un mensonge. Cela sera un supplice, Rosalie ».

Dans la forme mélodique de cette œuvre, il y a combinaison de l’unisson et la polyphonie. Ici, Edo Nganga et Célio commencent le chant par la même voix, puis se séparent. Edo exécutant la première voix et Célio la deuxième. Grâce à son doigté exceptionnel et des inflexions héritées du jazz, le guitariste solo, Gerry Gérard, confère à cette chanson une mélodie d’une beauté inouïe. Entre temps, les interactions entre  le saxophone de Nino Malapet et celui de Nona Arthur viennent ajouter une autre saveur à cette sauce musicale. Le rythme, quant à lui, est soutenu par la tumba de Pandi Sarturnin, la guitare basse de Ntaloulou Alphonse, l’accompagnement de Samba Mascott et la guitare mi solo de Passy Mermans.

Auteur-compositeur des titres à succès, Nkouka Célestin est né le 5 février 1935, au Congo Brazzaville. Il a rejoint les limbes le 20 août 2016. Sa carrière musicale plus qu’élogieuse est jalonnée par plusieurs péripéties dans les orchestres comme Cercul Jazz en 1952,  Les compagnons de la joie en 1953, Ok Jazz en 1956, Bantous de la capitale en 1959, Trio Cépakos en 1972,  Bantous de la capitale en 1987, Bantous monument  en1990 et enfin, Bantous de la capitale en 2004 jusqu’à sa mort.     

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Frédéric Mafina
Légendes et crédits photo : 
Célestin Nkouka
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