Energie : pour un accord sur le gaz vert entre l’Afrique et l’Europe

Vendredi, Avril 29, 2022 - 13:44

Le président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie pense que l’Afrique a un rôle important pour répondre aux besoins énergiques de l’Europe d’aujourd’hui et du futur. Il appelle à une entente entre les deux continents pour un accord sur le gaz vert.

Depuis des années, l’Afrique et l’Europe sont en désaccord au sujet de l’industrie énergétique. L’Europe se préoccupant de la protection du climat et de l’évolution du monde vers des objectifs d’émissions nettes nulles. Elle appelle les pays africains producteurs de pétrole et de gaz à accélérer leur transition vers des sources d’énergie verte, et à la faire passer à la vitesse supérieure. Pour l’Union européenne (UE), le temps des nouveaux projets pétroliers et gaziers en Afrique est révolu. Les producteurs africains de pétrole et de gaz et la Chambre africaine de l’énergie s'opposent aux groupes environnementaux, aux dirigeants européens et aux institutions financières qui s'ingèrent dans l'« industrie énergétique, en particulier lorsqu'ils découragent le financement de nouveaux projets pétroliers africains », a déclaré le président exécutif de la Chambre africaine de l'énergie, NJ Ayuk. Un appel au boycott des entreprises européennes ayant coupé les investissements pétroliers et gaziers africains a été lancé en juillet 2021.

La frustration des pays africains par l’ingérence de l’UE

NJ Ayuk fait aussi état de frustration, de la part des pays africains, par l’ingérence de l’UE, « peu enclins [les pays africains] à tourner le dos aux avantages que leurs ressources en combustibles fossiles ont à offrir, en particulier le gaz naturel », s’appuyant sur le fait que le gaz naturel peut atténuer la pauvreté énergétique généralisée du continent, contribuer à fournir de l'électricité fiable à près de 600 millions de personnes qui en sont privées en Afrique subsaharienne et être monétisé pour créer les fonds dont l'Afrique aura besoin pour réussir sa transition énergétique. « Néanmoins, l'UE s'est acharnée à mettre un terme à la production de gaz naturel en Afrique. Jusqu'à récemment, en fait », décrit NJ Ayuk. Un changement produit récemment, lorsque l'Europe a été confrontée à une hausse des prix des matières premières et à un faible approvisionnement en gaz naturel. La production des énergies renouvelables n'étant pas en mesure à ses besoins. Ce qui a poussé l’UE à reconnaître que l'utilisation accrue du gaz naturel était sa meilleure stratégie pour protéger durablement sa sécurité énergétique à court terme. Début 2022, l'UE va déclarer que le gaz naturel, y compris l'énergie nucléaire, pouvait être considéré comme une énergie verte, à condition qu'il émette moins de 270 grammes de dioxyde de carbone par kilowattheure.

Evolution des perspectives après l’invasion de l’Ukraine

Les perspectives ont évolué après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, l'UE dépendant de la Russie pour 45 % de ses importations de gaz. Récemment, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que l'UE va publier des propositions visant à éliminer progressivement sa dépendance à l'égard des combustibles fossiles russes d'ici à 2027, reconnaissant le rôle essentiel que des ressources en gaz naturel de l'Afrique  pourraient jouer pour répondre aux besoins de l'Europe. L'UE s'intéresse aussi au potentiel de l'Afrique pour la production d'hydrogène vert. L'Allemagne, par exemple, a fait savoir son incapacité à produire seule les grandes quantités d'hydrogène vert dont  auront besoin les pays européens, pour atteindre leurs objectifs d'émissions nulles.

Des accords en cours entre l’Europe et l’Afrique

A Berlin, en Allemagne, le ministre namibien des Mines et de l'Energie, Tom Alweendo, et le ministre allemand des Affaires économiques et de l'Action pour le climat, Robert Habeck, ont signé une déclaration commune d'intention sur la coopération dans le domaine de l'hydrogène vert.  Pour NJ Ayuk, « il est clair que l'Afrique a un rôle important à jouer pour répondre aux besoins énergétiques européens d'aujourd'hui et de demain ».  Mais il s’interroge si les dirigeants européens ainsi que les organisations peuvent se défaire de la dynamique qui a dicté leurs relations avec l'Afrique dans le passé, « des actions qui ont privilégié les objectifs climatiques au détriment des besoins les plus urgents de l'Afrique - et commencer à embrasser les nombreux avantages que le gaz naturel peut offrir aux deux continents ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Noël Ndong
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