Développement : l’APD 2021 représentait 0,33% selon le rapport de l’OCDE

Mardi, Mai 3, 2022 - 13:46

L'Aide publique au développement (APD) pour 2021 représentait 0,33 % du revenu national brut combiné des trente donateurs du Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), indique son rapport.

Par rapport à 2020, le revenu national brut était en dessous de l'objectif des Nations unies de 0,7% d'APD. Par contre, l'aide étrangère des donateurs officiels a atteint un niveau record de 179 milliards de dollars en 2021, en hausse de 4,4 % en termes réels par rapport à 2020. Seuls cinq pays ont atteint l’objectif des Nations unies de 0,7%. Cependant, 3,5% de cette somme ont été consacrés à la fourniture de vaccins de covid-19 aux pays à revenu faible et intermédiaire. La directrice des politiques de One Campaign, Amy Dodd,  s’est offusquée  de l’insuffisance des niveaux d'aide pour répondre aux besoins croissants, notamment la réponse à la pandémie, la lutte contre le changement climatique et la prévention d'une nouvelle crise de la dette. « A moins que des mesures urgentes ne soient prises - sur l'aide, pour lutter contre la crise de la dette et mobiliser de nouveaux financements - les dernières répliques de l'invasion de l'Ukraine frapperont les personnes et les pays qui ont déjà du mal à faire face », a-t-elle rappelé. Cependant, le nombre de personnes d’aide humanitaire a plus que doublé au cours de l’année écoulée. Et seuls cinq pays ont atteint l’objectif des Nations unies de 0,7%.  

Jeroen Kwakkenbos, l'expert de l'aide à l'Union européenne d'Oxfam, a indiqué que les donateurs avaient renversé les règles en comptant les dons de vaccins dans les budgets d'aide. « Inclure ces "dons" dans les budgets d'aide gonfle l'aide. Ce sont simplement des donateurs qui se félicitent d'un travail qui peut avoir coûté des vies », a-t-il souligné. Avec le déclenchement de la crise sanitaire et le grand renfermement du monde, on pouvait craindre que l’aide aux pays du sud ne soit sacrifiée aux urgences intérieures des pays développés. Il n’en avait rien été et le niveau de l’aide avait pu être maintenu en 2020. La même observation peut être faite pour 2021. L’OCDE parle de niveau absolu d’aide jamais atteint. La situation ne peut cependant pas être jugée vraiment satisfaisante. Les besoins à couvrir face à la covid-19 et aux exigences de transition écologique, gourmandes tous les deux en nouvelles dépenses courantes et en investissements lourds, oblitèrent largement cet accroissement de l’aide.

Une aide plutôt dirigée vers les mieux lotis

Après la baisse de 3,5% par rapport à 2019, l’APD en direction des pays à faible revenu (28 milliards de dollars) enregistre une hausse de 1%. L’APD à l’Afrique subsaharienne progresse de 2% (+650 millions de dollars) pour s’établir à 33 milliards de dollars. Les pays les moins avancés bénéficient d’une augmentation de 2,5%. La prise en compte des dépenses médicales et des réfugiés relativise cependant cet accroissement car ce sont les pays les plus pauvres qui en ont eu le plus besoin de soutien pour faire face à l’urgence médicale. Les pays en développement les plus avancés ont reçu le surcroît d’aide le plus élevé : +3,8 milliards de dollars. La France (+4,6%), comme l’Allemagne (+5,1%), ont continué à augmenter leur APD, cette dernière dépassant le seuil de 0,7%, alors que l’APD  de la France est aujourd’hui à 0,52% du produit intérieur brut (PIB). L’aide allemande - un temps inférieure à l’aide française - est maintenant plus du double de celle-ci et près du quadruple pour la seule aide bilatérale.

Des nuances nécessaires

Globalement positive, cette appréciation ne va pas sans nuances. L’APD plafonne à 0,33% du PIB des pays donateurs en valeur relative, tandis que les dépenses liées à la pandémie (18,7 milliards de dollars), le coût des réfugiés (9,3 milliards de dollars) et, plus généralement, les soutiens à caractère humanitaire représentent maintenant une composante forte du soutien de l’OCDE. Ce qui réduit la part consacrée aux facteurs de croissance économique. Mais, les temps s’annoncent difficiles pour les pays en développement, notamment africains qui se voient contraints de réduire leurs émissions de CO2 au prix d’investissements coûteux. La dotation de Fonds vert n’atteint pas encore les engagements pris à la COP21 (cent milliards de dollars supplémentaires par an) et l’on peut s’interroger sur la véritable « additionnalité » des sommes présentées. À cela s’ajoutent les conséquences de la guerre en Ukraine tandis que la dette africaine s’alourdit avec le report des échéances, l’augmentation des taux d’intérêt, la dépréciation des monnaies. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale tirent la sonnette d’alarme dans leurs derniers rapports. L’Afrique, étant redevenue un terrain de rivalité entre grandes puissances, peut tirer profit pour son développement de cette compétition. Les données définitives seront disponibles en décembre 2022.

Noël Ndong
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