Comment les animaux contribuent-ils au combat climatique ?

Jeudi, Mai 5, 2022 - 18:58

Les gouvernements du monde entier s’efforcent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de mettre au point des technologies innovantes pour capturer le carbone. Ce qu’ils ignorent certainement, c’est que l’éléphant de forêt africain est remarquablement efficace pour stocker le carbone sans aucune aide technologique.

Les éléphants de forêt africains sont, en effet, connus comme les « méga-jardiniers de la forêt », en raison de leur capacité à accroître les stocks de carbone et à disperser les nutriments vitaux.

En traversant les forêts tropicales denses d’Afrique centrale, l’éléphant de forêt crée un labyrinthe de corridors verts en broutant et en piétinant les petits arbres sur son passage. Mesurant trois mètres, il sème la pagaille dans la végétation luxuriante de la forêt tropicale en arrachant l’écorce des jeunes arbres, en creusant pour trouver des racines dans le sol et en grignotant des feuilles et des baies. Mais cette destruction fait plus de bien que de mal à la forêt, car elle l’aide à stocker davantage de carbone dans les arbres et préserve l’un des écosystèmes les plus vitaux de la planète.

Une étude réalisée en 2019 a révélé que les habitudes destructrices des éléphants contribuent à augmenter la quantité globale de carbone stockée dans la forêt tropicale d’Afrique centrale. Chaque éléphant de forêt peut stimuler une augmentation nette du captage du carbone de ces forêts tropicales de 9500 tonnes métriques de CO2 par km². Cela équivaut aux émissions produites par la conduite de 2047 voitures à essence pendant un an. Les scientifiques ont d’abord effectué des travaux de terrain sur deux sites du bassin du Congo, l’un où les éléphants étaient actifs et l’autre où ils avaient disparu, et ont enregistré les différences de couverture arborée et de densité du bois. Ils ont ensuite construit un modèle qui suivait la dynamique de la forêt, comme la biomasse, la hauteur des arbres et les stocks de carbone, et simulait la perturbation par les éléphants en augmentant la mortalité des plus petites plantes.

Le modèle a montré que les éléphants réduisaient la densité des tiges dans la forêt, mais augmentaient le diamètre moyen des arbres et la biomasse totale au-dessus du sol. La raison en est que les éléphants broutent et piétinent les arbres de moins de 30 cm de diamètre, qui sont en concurrence avec les arbres plus grands pour la lumière, l’eau et l’espace. En éliminant la concurrence, les grands arbres ont prospéré. En conséquence, les arbres les plus grands sont devenus encore plus grands grâce aux habitudes des éléphants. Les arbres plus petits, que les éléphants préfèrent manger, ont une densité de bois plus faible, ce qui est lié à un taux de croissance plus rapide et à une mortalité plus élevée.

Le comportement des éléphants favorise la croissance des arbres à croissance plus lente qui stockent davantage de carbone dans leur tronc. Outre l’élimination de la concurrence, les éléphants dispersent également les graines et les nutriments lorsqu'ils frôlent la végétation et distribuent leurs déchets dans la forêt, ce qui permet aux arbres de pousser plus rapidement. Ils aident à disperser les arbres, dont les autres animaux dépendent. Les arbres favorisés par les éléphants font vivre les primates et de nombreux autres animaux.

Lutter contre le braconnage équivaut à lutter contre le changement climatique

L’extinction des éléphants de forêt entraînerait une perte de 7% des réserves de carbone, soit trois milliards de tonnes au total, dans la forêt tropicale d’Afrique centrale, selon une étude. Cela équivaut aux émissions générées par plus de deux milliards de voitures à essence au cours d’une année. Le risque d’extinction des éléphants de forêt d’Afrique est très élevé. Ils sont en danger critique d’extinction et leur population diminue rapidement en raison du braconnage et de la déforestation. Dans les années 1970, on comptait 1,2 million d’éléphants se déplaçant sur d’immenses étendues d’Afrique, mais ils ont été poussés au bord de l’extinction par les braconniers et la perte d’habitat. Aujourd’hui, il n’en reste que 100 000, selon une étude de 2013.

 

 

Boris Kharl Ebaka
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