Auteur compositeur à la voix séduisante, Vicky Longomba a conquis les cœurs des mélomanes tant africains qu’européens avec des titres explosifs comme « Chérie Lovy » paru en 1966.
« Chérie Lovy » fait partie des chefs-d’œuvre de Vicky Longomba. Le thème abordé est celui de la stérilité féminine au sein d’un couple. L’une des situations les plus complexes dans le mariage en Afrique en général et au Congo en particulier. L’épouse qui se plaint dans cette chanson a toutes les peines de vivre pleinement sa vie de femme mariée à la suite de l’absence d’un enfant dans son foyer. Pour y faire face, elle effectuera d’énormes dépenses auprès d’un guérisseur du nom de Mamadou. Malgré cela, elle ne trouvera pas gain de cause. Bien au contraire, elle se verra rejetée par son époux et se mettra à le supplier en le rassurant qu’elle finira toujours par enfanter. « Na luki mwana ya kosomba ngai yo na keleli boye na somba ata poupée na bogisaka ye lokola mwana. Baseki ngai balobi na kosi zemi na ko bota, papy na ko bota », entendez: « J’ai cherché un enfant à acheter, je suis en manque, je vais acheter une poupée afin de l’utiliser comme un enfant. On se moque de moi en disant que j’ai feint d’être enceinte, je finirai par mettre au monde, Papy ».
Pour le musicologue Mampouya Mam’sy, cette belle œuvre musicale s’ouvre par une entrée vocale suivie d’un discours. Ici, on écoute les gens qui discutent et c’est Michel Boyibanda qui met fin à la discussion en demandant : « Est-ce qu’on peut aller » ? Dans le premier chant, Vicky exécute la première voix et Boyibanda la deuxième. Tandis que dans le deuxième chant, Vicky prend les solos et est remplacé par Mujos à la première voix pendant que Boyibanda continue à la deuxième. Toutes ces trois voix réunies confèrent à ce morceau un éclat dans la galaxie musicale congolaise. En outre, la guitare solo de Luambo, la rythmique de Simaro, la basse de Picollo, la tumba de Desoin et le saxo de Verkys qui intervient de temps en temps procurent une jouissance auditive.
« Chérie Lovy » a inspiré l’artiste Reddy Amisi, trente ans après, pour composer son titre « Ekomba » qui signifie « Stérile ». Reddy y reprend la phrase : « Na ko somba na ngai poupée na bongisaka ye lokola mwana ». Vicky Longomba a influencé plusieurs générations des chanteurs. De son vrai nom Longomba Besange Lokuli Victoire, il naquit en 1933 à Léopoldville. Sa carrière musicale démarre au Cefa (Comptoir pour l’exploitation du folklore africain) en 1952 avant de participer à la création de l’Ok Jazz en 1956. Il fera partie des musiciens qui ont animé les festivités marquant la table ronde à Bruxelles, en 1960. Une année après, il crée Negro succès. En 1962, il regagne l’OK Jazz. Il crée les éditions Viclong puis Lovy. Il monte, en 1971, l’orchestre Lovy du Zaïre. Décédé le 12 mars 1988, sa voix et la guitare de Luambo ont caractérisé l’Ok Jazz après le départ des autres membres fondateurs.