« Né pour slamer », c’est à peu près le slogan qu’on pourrait attribuer à Black Panther, de son vrai nom Paterne Lyonel Bouanga Kaba, l’un des meilleurs slameurs de la scène congolaise. Avec lui, les mots sont potables, lyriques, voyageurs, amusants mais surtout touchants et moralisateurs.
Souvent associé à la culture urbaine, le slam est ce genre littéraire à la frontière entre la poésie des temps modernes aux styles variés et la musique. Bien plus qu’un simple jeu d’écriture, il s’offre au public comme un voyage languissant fait de rencontre et de découverte. Et pour Black Panther, c’est peu de dire qu’il se soit entiché car l’artiste a le slam dans les veines. Une alliance qui remonte à sa jeunesse au lycée, lors d’une compétition interscolaire de slam organisée à Brazzaville par le collectif Styl’Oblique.
« C’est à travers ce concours en 2011 que je rencontre le slam. Mais mon histoire d’amour avec les mots et la poésie remonte avant cette année-là. En effet, j’écrivais déjà des textes et j’aimais beaucoup les mots ainsi que la prise de parole. Seulement, je n’avais jamais eu le courage de me lancer », nous confie Black Panther. Toutefois, cette première rencontre avec le slam se solde par un échec. A en croire ses propos, la première édition, lui et ses amis du lycée représentant l’école Saint-François d’Assise perdent le concours, faute d’une bonne préparation.
L’année qui suit, il se représente à nouveau en compagnie d’autres élèves de son établissement et ensemble, ils remportent la compétition avec bonheur ; puis deux années successives, Black Panther sort lauréat au concours interscolaire de slam en tant que coach. 2015, l’artiste participe au concours national de slam et termine champion. Un titre qui lui permettra de compétir la même année à la 9e Coupe du monde de slam en France lors de laquelle il est sacré vice-champion.
Depuis, comme il l’affirme si bien, le slam est devenu sa drogue douce. « Le slam fait partie de moi ; je ne m’en lasse pas. Aujourd’hui, il suffit que je sorte, que je partage des moments, il suffit que quelqu’un dise un mot pour que je sois inspiré ; bref que ça soit le début d’un texte », avoue-t-il les yeux pleins d’émotion. Et si dans le slam, il y a des textes, des performances sur scène et des singles, Black Panther excelle, à ce jour, dans les trois sens.
Connu pour avoir la plume facile et les mots justes lorsqu’il faut parler de sa société et de la vie en général, il compte à ce jour plusieurs titres : Solidarité ; Le slam mon passeport ; Lettre au recteur ; 2e sexe ; Black life I et tout récemment Black life II-Mavula, ode à la beauté et l’hétérogénéité de Brazzaville à travers ses différents arrondissements. Des textes souvent proposés au public dans un style engagé et sensationnel mêlant à la fois la langue de Molière à certaines expressions en langues locales.
Avec une carrière qui ne cesse de se nourrir de participations aux festivals, ateliers de formation, créations de scènes, distinctions et spectacles, tant sur le plan national qu’international, Black Panther continue de forger son parcours artistique en parallèle de son profil de financier qui le passionne autant. L’artiste est actuellement en préparation de son premier album « La force des mots » qui sortira courant le deuxième semestre 2022 et qui contiendra près d’une dizaine de textes mis en musique. « Pour l’album, je me réserve d’en parler. Mais, je peux dire qu’il y a des chanteurs, animateurs et artistes issus d’autres disciplines qui y ont participé pour que le mélange soit beau et consommable », a déclaré l’artiste.
Au regard de ce beau parcours, Black Panther relève tout de même un fait : pratiquer le slam n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire. « Le slam est une discipline qui demande beaucoup de temps, du travail, de sacrifice. Sur scène, par exemple, on ne fait pas de playback et cela exige donc de toujours faire vivre nos textes…A cela s’ajoutent, pour le cas du Congo, le manque de mécènes, le nombre limité de salles pour réaliser un magnifique spectacle en son et lumière, l’insuffisance de studios bien équipés, etc. Quoiqu’il en soit, on aime l’art et on est prêt à faire ce qu’on peut avec les moyens que nous avons », souligne-t-il.