Cinéma : « Injustice », un film contre la corruption et la mauvaise gouvernance

Lundi, Mai 23, 2022 - 11:13

Construit comme un véritable thriller politique, le long métrage « Injustice », sorti le mois dernier, dénonce les névroses d’une société africaine bloquée, caractérisée par la corruption, la tyrannie, le dysfonctionnement et la mauvaise gouvernance.

Le long métrage du réalisateur béninois Gabriel Agbahonou met en scène Isaac Houeto, un homme âgé de 40 ans détenant une boutique dans un quartier populaire de Ghani, à Cotonou, convoité par un homme d’affaires riche étranger, Alain Deschamps, dont les ambitions sont de détruire une grande partie du quartier pour construire des centres commerciaux de haut standing. Mais le maire de la ville, Ernest Koffi, s’oppose à cette décision à la veille des élections municipales. « L’art du dialogue m’interpelle depuis quelques années à plus d’un titre. C’est vraiment fastidieux d’écrire de bons dialogues et moi je suis de la nature à aller vers le genre qui semble le plus difficile. L’autre défi, c’était d’écrire des dialogues qui révèlent des questions qui touchent à la municipalité, le nouveau type de gestion décentralisée des pouvoirs publics dans les Etats africains », a expliqué Gabriel Agbahonou.

Par ailleurs, comme le détaille le film, Carole Houeto, journaliste et rédactrice en chef à la télévision nationale, va mener des investigations sur le dossier avec sa collègue Jessy Lawson. Cette dernière découvre une affaire qui entache la réputation du maire Ernest Koffi et confie les preuves à Carole. Alain Deschamps, informé de la situation, décide par tous les moyens de récupérer les preuves en vue de faire chanter le maire. Dans ce bras de fer, l’univers d’Isaac Houeto et de sa famille s’effondre. A Ghani, la population aide Isaac à s’évader et, depuis sa cachette, il décide de retrouver les vrais coupables afin que justice soit faite. « En écrivant ce film, j’avais constamment à l’esprit cette pensée de l’écrivain Albert Camus. J’ai compris qu’il ne suffit pas de dénoncer l’injustice, il fallait donner sa vie, pour la combattre. Ce combat ne devrait pas se limiter qu’au verbe, mais beaucoup plus à l’action, même s’il faut y perdre son âme », a déclaré Gabriel Agbahonou.

Ce film raconte l’histoire dans laquelle se mêlent drame, suspense et action. Pour le réalisateur, l’injustice est l’un des principaux maux qui minent particulièrement le continent africain. Ce phénomène est à la base de plusieurs inégalités flagrantes observées aujourd’hui dans la société. Comme l’explique le réalisateur, si l’on n’y prend pas garde, cela peut conduire à la haine, au terrorisme et à la guerre. La question qu'il pose est celle de savoir comment combattre l’injustice sans rentrer soi-même dans ce cercle vicieux.

Tourné par une équipe professionnelle originaire de trois pays, dont le Bénin, le Togo et la France, le film met aussi en exergue la cohabitation de différentes régions. « Je suis convaincu que la cohabitation pacifique entre les régions est un bien inestimable pour la paix. Dans ce film, nous avons créé une fraternité forte de plusieurs régions dans un climat de respect et de confiance réciproque », a souligné Gabriel Agbahonou.

Ce long métrage du réalisateur béninois Gabriel Agbahonou est sorti le 27 avril dernier. Il est programmé pour faire le tour de l’intégralité des salles Canal Olympia dès le 27 mai.

Cissé Dimi
Légendes et crédits photo : 
L’affiche du film/DR
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