Une rencontre consacrée aux pratiques du plombage dentaire à base du mercure a réuni, le 25 mai à Brazzaville, des acteurs de la société civile, dentistes et journalistes. Les participants ont invité les autorités à prendre des mesures concrètes pour mettre fin au commerce et à l’usage du mercure, un métal hautement toxique pour la santé humaine et l’environnement.
Initiée par la plateforme professionnelle Action sur l’environnement et le développement (AED), la rencontre sur les méfaits de l’amalgame dentaire (plombage) sur la santé a eu pour but d’informer les parties prenantes aux effets néfastes de cette pratique sanitaire. D’après le président de l’AED, le Dr Eugène Loubaki, l’activité visait surtout à vulgariser la Convention de Minamata et sensibiliser les pouvoirs publics pour l'interdiction, à court terme, de l'amalgame dentaire aux enfants de moins de 15 ans, femmes enceintes et allaitantes.
Il faut préciser que c’est depuis 2017 que l’AED milite pour l’interdiction de l’amalgame dentaire et l’utilisation du mercure dans le pays. L’association a contribué à l’élaboration des textes législatifs et réglementaires pour contraindre les acteurs du secteur de la santé à mettre fin à l'utilisation de l'amalgame dentaire. Elle a également organisé plusieurs campagnes de sensibilisation, par exemple, l’atelier contre l'utilisation de l'amalgame dentaire, ayant regroupé fin septembre 2021 les membres du Conseil économique, social et environnemental.
Malgré l’engagement de la société civile congolaise, les lignes ne semblent pas bouger, comme le souhaite la plateforme professionnelle AED. Le Dr Eugène Loubaki regrette la réticence des autorités congolaises à faire promulguer les textes élaborés et prendre des mesures pour sauver des vies. L’exposition au mercure est à l’origine de nombreuses maladies, dont la malformation chez les nouveau-nés, et peut entraîner la pneumonie, avec des effets sur le système nerveux et les reins.
Au Congo, la pratique de l’amalgame dentaire est bien connue chez les dentistes, en raison de sa composition chimique constituée de 50% de mercure et de 50% d’alliage en poudre d’argent, d’étain et de cuivre. La quantité globale des émissions et de rejets de mercure dans le pays représente près de 21 368 kg /an, dont 2% d’amalgame dentaire, selon un rapport de l’ONU environnement. Le métal est utilisé dans tout le pays, principalement sur les sites d’orpaillage.
Lors de la quatrième Conférence des parties de la Convention de Minamata sur le mercure (parmi lesquelles le Congo), qui s’est tenue du 21 au 25 mars dernier à Bali, en Indonésie, les participants ont déconseillé l'utilisation d'amalgame dentaire dans les dents de lait, les enfants de moins de 15 ans, les femmes enceintes et allaitantes. Les mesures qu'une partie doit prendre pour éliminer progressivement l'utilisation du mercure reposent sur l'hygiène dentaire, l'utilisation de matériaux de restauration dentaire autres que le mercure, la promotion des activités de recherche-développement axées sur des matériaux de restauration, l'encouragement des organisations professionnelles représentatives et les écoles de médecine dentaire à éduquer et former les professionnels du secteur dentaire…