Des experts nationaux et ceux de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont réunis à Brazzaville, depuis ce matin, pour examiner les risques liés à la résistance aux antimicrobiens (RAM). Ils vont ensuite procéder à l’évaluation du système national de surveillance de la RAM et de cinq importants laboratoires du pays.
L’atelier multisectoriel d’évaluation du système national de surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture avec l’outil FAO-Atlass est organisé par le ministère de l’Agriculture, en partenariat avec la FAO. Cette mission d’évaluation s’inscrit dans le cadre de l’exécution du projet de coopération technique dénommé « Appui à la sensibilisation et à la gouvernance de la lutte contre la RAM » entre le Congo et l’agence onusienne.
La RAM est la capacité des microorganismes, à savoir les bactéries, virus, champignons et parasites microscopiques, à devenir résistants aux antibiotiques auxquels ils étaient pourtant faibles à l’origine. Le phénomène s’est fortement accéléré ces dernières années, d’après les experts, en raison de l’utilisation inappropriée des antibiotiques chez les animaux, les plantes et les humains. « L’accélération de la RAM constitue une menace pour la sécurité alimentaire et un problème de santé publique », a alerté la représentante de la FAO au Congo, Yannick Ariane Rasoarimanana.
L’agence onusienne craint que l’accélération de la RAM entraîne le développement des nouvelles maladies animales, la destruction des plantations agricoles, augmentant le risque de crise alimentaire et économique. Le chargé de programme préparation et réponse aux urgences sanitaires, Dr Lamina Arthur Rakotonjanabelo, a fustigé l’usage abusif des antimicrobiens, la recrudescence des déchets et la pollution des eaux dans les zones agropastorales.
À tout point de vue, la surveillance est considérée comme l’une des pièces maîtresses de la gestion de la RAM et peut fournir des informations cruciales pour soutenir les actions visant à mettre en place la politique publique. C’est pourquoi, l’évaluation menée à base de l’outil FAO-Atlass permettra de cartographier et d’apprécier les capacités analytiques des laboratoires nationaux pour détecter la RAM dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture ; d’estimer les activités de surveillance de la RAM (la production, la collecte et l’analyse des données…) ; et de fournir des informations nécessaires à l’identification des problèmes.
Lançant les travaux de l’atelier multisectoriel et de la mission d’évaluation, le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Paul Valentin Ngobo, a réitéré l’engagement du gouvernement congolais à œuvrer pour la sécurité alimentaire, la santé animale et végétale. Depuis 2018, le pays a initié un projet de plan d’action national en riposte à la RAM selon l’approche multisectorielle ‘‘une seule santé’’ avec pour but de prévenir les infections, de garantir la qualité des antibiotiques utilisés en santé humaine, animale et végétale. « Cette rencontre vient à point nommé, car elle va accélérer la finalisation de ce plan d’action et son adoption », a assuré Paul Valentin Ngobo.
Soulignons que les résultats de l’évaluation des laboratoires vont servir au plaidoyer et à la recherche de fonds pour renforcer le système national de surveillance de la RAM. Il s’agit de l’achat des consommables et équipements de laboratoire de diagnostic pour la détection des agents pathogènes, le test de sensibilité aux antimicrobiens. Les centres sont le Laboratoire national de santé publique ; le Laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire ; le Laboratoire de diagnostic vétérinaire de Brazzaville ; le Laboratoire CM 4 ; et le Laboratoire d’analyses microbiologiques et chimiques des produits de pêche.