Coopération : la Russie va augmenter son engagement en Afrique

Jeudi, Juin 2, 2022 - 14:58

La révélation est faite par un influent think tank, qui conseille le Pentagone. Trois régions seraient perméables à une plus forte présence économique et militaire de la Russie. 

Dans une récente étude, le think tank américain Rand Corporation estimait que Moscou dispose de bonnes conditions pour accroître son engagement économique et militaire dans dix-neuf pays africains dans un proche avenir. Le think tank, qui se fonde sur des « techniques innovantes de visualisation géospatiale » pour établir une cartographie des pays « Russia friendly », fait valoir que cinq Etats situés majoritairement en Afrique du Nord offrent des « conditions idéales » pour  renforcer l’engagement de la Russie en Afrique, citant la Libye, le Soudan, l’Egypte, l’Algérie et la Centrafrique, dans une étude intitulée « Russia's growing presence in Africa : A geostrategic assessment [La présence croissante de la Russie en Afrique : une évaluation géostratégique ] ».

L’étude mentionne les États où la Russie a déjà un niveau substantiel d'implication et où les sociétés militaires privées tirent déjà des revenus importants. « Il serait surprenant que l'engagement de la Russie n'augmente pas dans chacun de ces cinq pays dans les prochaines années », indique le rapport. A une échelle moindre, quatorze pays d’Afrique de l’ouest, centrale et australe offrent des conditions locales favorables à une plus grande présence russe. Ce sont des pays où Moscou « dispose d’un minimum d’influence actuellement [ Gabon, Nigeria, Tchad, Guinée, Rwanda, Soudan du Sud, Angola, Cameroun, République démocratique du Congo, Guinée-Bissau, Madagascar, Mozambique, Afrique du Sud et Zimbabwe] ». Les autres pays du continent offriraient des conditions « faibles » ou « très faibles » pour un plus grand engagement de la Russie, selon l’étude.

Les élites locales à la recherche d’un parrainage extérieur

Parmi les vents porteurs pour l’expansion russe dans les pays africains,  le rapport souligne « les fortes relations politiques et diplomatiques ; les relations commerciales et économiques préexistantes ; les opportunités lucratives dans le secteur des industries extractives et les élites locales à la recherche d'un parrainage extérieur ». Si l’influence de la Russie en Afrique demeure « modeste » en comparaison avec celles de la Chine et des Etats-Unis, Moscou s’efforce depuis d’élargir son rayonnement et son engagement sur le continent. Guidée par trois facteurs clés - faire avancer les objectifs politiques approuvés par le Kremlin, récolter des gains rapides à des risques faibles, et capitaliser sur les opportunités de profit extraordinaires qu’offrent les économies de rente dans les pays africains - « l'approche de la Russie en Afrique est essentiellement opportuniste », selon Rand Corporation.

Entre la Russie et l’Afrique, les échanges commerciaux restent faibles - douze milliards de dollars environ par an - et concentrés au Maghreb. Quant aux entreprises russes opérant  dans le secteur des industries extractives en Afrique, elles seraient totalement ou partiellement par l’Etat et presque toutes liées au cercle du président Vladimir Poutine, indique Rand Corporation, soulignant un renforcement « notable » de la coopération militaire entre la Russie et de nombreux pays africains, notamment dans la hausse des ventes d’armes - plus de deux milliards de dollars par an - et la forte présence des sociétés militaires privées, qui auraient réalisé « trente-quatre opérations » sur le continent depuis 2005.

Noël Ndong
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