Crise de céréales en Afrique : Macky Sall demande l’intervention d’Emmanuel Macron

Lundi, Juin 13, 2022 - 16:12

Les présidents français, Emmanuel Macron, président en exercice de l’Union européenne (UE), et le président sénégalais Macky Sall, également président en exercice de l’Union africaine (UA), ont échangé le 10 juin à Paris, une semaine après sa rencontre de Sotchi avec le président russe, Vladimir Poutine.

La rencontre entre Macky Sall et Emmanuel Macron est intervenue après celle de Sotchi où le président sénégalais s’était entretenu avec son homologue russe, Vladimir Poutine, sur la nécessité d'un déblocage des céréales et des engrais des ports d'Ukraine et du déminage des ports d'Odessa. Macky Sall veut convaincre les Occidentaux et l'Organisation des nations unies à jouer un rôle déterminant dans le déminage des ports ukrainiens. Vladimir Poutine a assuré ne pas être le problème au blocage des denrées alimentaires, ce que l'UE et l'Ukraine ont rejeté jusqu’ici. Multipliant les déplacements à l’étranger, le président de l’UA veut faire bouger les positions des différents protagonistes, notamment sur les conséquences que ce blocage des céréales joue sur la stabilité nutritionnelle du continent, soulignant l'impact de ce conflit sur les économies africaines.

Plusieurs pays  du continent sont affectés par les cours des denrées alimentaires. En cette période d'hivernage, plusieurs agriculteurs craignent que leur production ne soit impactée par l'absence d'engrais. Macky Sall a demandé à son homologue français d’agir pour le déblocage des céréales et des engrais d’Ukraine et de Russie qui ne parviennent plus en Afrique depuis le début de la guerre en février et menacent la sécurité alimentaire de millions d’Africains. « En fonction des disponibilités dans le port d’Odessa et à condition que l’Ukraine enlève les mines qu’elle a posées, la Russie est disposée à ne pas intervenir dans cette région pendant ces opérations [de transport de céréales] qui se feraient avec le concours des Nations unies ou d’autres partenaires », avait répondu Vladimir Poutine à son interlocuteur.

« Nous subissons les deux maux. Il y a d’abord les conséquences de la guerre en Ukraine. Mais les sanctions qui ont frappé la Russie, avec notamment le blocage du système de paiement Swift, ont handicapé des pays comme les nôtres pour accéder aux produits russes. Pour le paiement du gaz, un mécanisme a pu être trouvé. Nous demandons donc qu’il en aille de même pour les difficultés logistiques dans les ports et permettre le paiement des céréales et des engrais avec lesquels nous cultivons. Notre agriculture est déjà peu productive. Mais s’il n’y a plus d’engrais ou que le prix est multiplié par trois, il y aura véritablement un risque de famine dans les prochains mois », a indiqué Macky Sall. 

Parmi des difficultés à répondre positivement au président en exercice de l’UA, l’Elysée a évoqué la disponibilité des bateaux à s'aventurer en Ukraine pour transporter la marchandise, la difficulté à trouver des compagnies d'assurance prêtes à prendre le risque d'assurer les navires transporteurs dans cette zone de guerre, s’assurer que le blé ira à la population la plus exposée aux pénuries et à des prix abordables. « L’Afrique est coincée entre le marteau de la guerre en Ukraine et l’enclume des sanctions », a déclaré Macky Sall.

Noël Ndong
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