Mali : un nouveau groupe russe Wagner s'installe dans une ancienne base militaire française

Mercredi, Juin 22, 2022 - 11:00

La France craint des tentatives de manipulation de l’information pour nuire au pays et à ses troupes qui ont quitté les lieux. Un nouveau groupe russe remplace les forces françaises de Barkhane dans le Nord-Est du Mali.

De nouveaux Russes du groupe paramilitaire Wagner sont arrivés à Ménaka sur la base militaire rétrocédée à l'armée malienne par la force française Barkhane. Paris s’attend à « une nouvelle tentative de manipulation de l’information pour lui nuire », a-t-on appris de sources concordantes. Avant son départ de Ménaka, la Force française Barkhane dit soupçonner de possibles manœuvres pour nuire à son image, incluant l’organisation de manifestations anti-françaises, des accusations de collusion entre Barkhane et les djihadistes ou encore l’enfouissement de corps pour faire croire à des exactions commises par les Français. Au lendemain de la précédente rétrocession d’une base française, en avril à Gossi, l’état-major des armées [EMA] avait diffusé des vidéos tournées par un drone montrant, selon lui, des paramilitaires de la société russe Wagner en train d’enterrer des corps non loin de l’emprise, en vue de faire accuser la France de crimes de guerre. Le départ français de la base avancée de Ménaka « a été conduit en bon ordre, en sécurité et en toute transparence, dans un contexte où la force Barkhane fait face à des attaques informationnelles régulières visant à entacher son action et sa crédibilité », avait commenté le porte-parole de l’EMA, le général Pascal Lanni.

Les rapports entre le gouvernement actuel du Mali et la France, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, en particulier depuis l’arrivée au Mali de paramilitaires du groupe Wagner, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les djihadistes.

La base de Ménaka se situe dans la région dite des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, dans laquelle les militaires français se sont longtemps battus pour entraver l’implantation des groupes djihadistes affiliés à l’Etat islamique.

Avant son départ de Ménaka, la force Barkhane a annoncé avoir capturé un cadre important de l’État islamique au grand Sahara, un certain Oumeya Ould Albakaye. Dans son communiqué, l’EMA reste vague sur l’endroit où se trouvait ce chef jihadiste au moment de sa capture, précisant seulement une opération dans la nuit du 11 au 12 juin, « à proximité de la frontière malo-nigérienne », sans indiquer le lieu exact - du côté nigérien ou du côté malien.

Étant donné qu’il a dénoncé le traité de coopération en matière de défense avec la France ainsi que l’accord sur le statut des forces françaises au Mali, le gouvernement malien estime que Barkhane n’a plus de base légale pour poursuivre ses opérations au Mali. Sauf que Paris ne l’entend pas ainsi, se fondant sur la convention de Vienne sur le droit des traités donnant un préavis de douze mois avant la rupture définitive d’un accord, sauf si l’une des partie a commis une violation manifeste, auquel cas la dénonciation peut être immédiate.

D’où les accusations « d’espionnage » et de « subversion » lancées par Bamako contre Barkhane. Accusations qui, pour les autorités françaises, n’ont aucun fondement. Aussi, malgré l’attitude du pouvoir malien, la force Barkhane continue de mener des opérations contre les groupes armés terroristes, « pour sécuriser leur retrait du Mali et, plus largement, leur « réarticulation » » au Sahel.

Noël Ndong
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