Alors que la fête de la musique 2022, se relevant des deux éditions précédentes ternies par les mesures gouvernementales liées à la crise sanitaire, a joliment battu son plein de Brazzaville à Pointe-Noire, en passant par Dolisie, Madingou, Kinkala, Owando, Boundji ou encore Ouesso, les polémiques ont enflé dans le secteur musical en prélude à cet événement. Les artistes, une grande famille ?
En surface, on serait tenté de croire que les artistes du 242 forment une belle famille unie et solidaire mais, cette image tend à se déchirer dès lors qu’on gratte un peu le vernis. Si le secteur musical souffre de sa propre autocritique, absente des débats, elle supporte mal la critique quand bien même elle se voudrait parfois constructive. Pour ne vexer personne, il convient en somme de parler, parler oui, mais dans le dos ! La loi du silence et de l’hypocrisie, souvent mal dissimulée, semble régner en maîtres pour étouffer les divisions et les querelles intestines selon l’adage qui rappelle que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. En résumé, « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Cependant, la grande toile se fissure parfois au regard d’une autre vérité et lève le voile sur d’innombrables polémiques, clash et autres règlements de comptes qui font du reste les choux gras de pseudos médias. Et lorsque les acteurs majeurs de la scène nationale se plient d’eux-mêmes à cet exercice à grands coups de « Direct » et de longs communiqués, le public, probablement adepte de Novelas, s’en réjouit inévitablement.
A croire donc que le buzz, aussi « bad » qu’il soit, prévaut sur l’art. Pour ne pas alimenter les polémiques en cours, on ne jettera aucune huile sur le feu à citer les affaires et leurs protagonistes par le détail. On s’attristera seulement que l’image des artistes du Congo, dont certains sont, par ailleurs, ambassadrices ou ambassadeurs pour de grandes marques, ce qui gâche plus encore le tableau, se retrouve ainsi mise à mal. La réalité nous impose donc de déconstruire le mythe d’une famille unie où le monde, pris à parti, entre dans la mêlée en se croyant obligé de juger qui a raison ou qui a tort dans cette mauvaise encre qui coule. A bien des égards, ce déballage médiatique, dans lequel s’invitent également les opérateurs culturels, est assurément un triste modèle pour de jeunes artistes en herbe.
Pour autant, faut-il taire, en béni oui-oui et à tout prix, les dérives du secteur musical en général, de la musique urbaine en particulier ? Il est juste de préciser qu’il convient parfois de prendre le mal à la racine et avouer que certaines lumières nous éclairent sur les sombres coulisses d’un secteur musical qui se plaint paradoxalement de son déficit d’image. Sans porter de jugements sur ces nombreuses polémiques, nécessaires parfois, il conviendrait sans doute que ce secteur retrouve une crédibilité en République du Congo. Pour ce faire, et en dehors des vérités qui blessent, un peu de retenue ne serait pas de trop et, pourquoi pas, en y ajoutant aussi l’humilité car, dans la course à la notoriété, l’égocentrisme à haute dose est une arme de destruction pour l’art. Mais, c’est un autre sujet et c’est peut-être ici trop demander.