Lire ou relire : « L’Afrique sans dette » de Damien Millet

Jeudi, Juillet 7, 2022 - 19:48

L'essai sur la dette du continent africain, publié aux éditions Syllepse à Paris, est une analyse critique réalisée avec le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM).

Le constat général du statisticien français Damien Millet sur la question de la dette extérieure des Etats indépendants d’Afrique révèle trois synthèses à travers neuf chapitres que compte le livre. Le premier constat qui demeure d’actualité est le surendettement continuel des nations africaines malgré la proclamation de bonnes d’intentions de rupture avec les pratiques de dépendance financière vis-à-vis de l’extérieur. Malgré les diverses aides au développement et à l’allègement de la dette, la dette de l’Afrique continue de s’accroître de façon vertigineuse.

La deuxième hypothèse repose sur l’exigence de l’annulation de la dette extérieure publique de l’Afrique. En effet, le continent noir a connu des siècles d’exploitation abusive ou de pillage de ses richesses naturelles à cause du commerce triangulaire, de la colonisation, et du néocolonialisme. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, censées aider l’Afrique à surmonter ses écueils économiques, ne l’ont enfoncé que de plus belle dans la paupérisation.  

La troisième synthèse est la prise de position de l’analyste qui considère que la dette publique de l’Afrique est une dette injuste. Les populations africaines, pour la plupart, n’ont jamais demandé qu’on emprunte en leur nom. En plus, elles ne sont guère bénéficiaires des retombées de ce surendettement irrationnel et sauvage.

A propos, rapporte l’auteur, l’économiste américain Jeffrey Sachs a raison d’affirmer « qu’aucun pays civilisé ne devrait demander à récupérer une dette de pays où les gens meurent de faim, de la maladie et de la pauvreté » (page 202). Pour stopper et surmonter le surendettement du continent africain, Damien Millet propose d’une part que les fonds détournés par les classes dirigeantes soient rétrocédés aux populations et utilisés dans des projets de développement. Et d’autre part, « il faut abolir un système économique centré sur l’endettement et de mettre en place un financement alternatif de développement ». 

Aubin Banzouzi
Légendes et crédits photo : 
La couverture du livre/DR
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