Pour sa première participation à une exposition du Collectif RD Congo terre d’artistes, le designer Tankwey, dont la spécialité est la création de mobiliers, à sa manière, a décrit la rumba parmi les cinquante-huit artistes plasticiens, sculpteurs et peintres en majorité, exposant du 24 juin au 15 juillet au Centre Wallonie-Bruxelles.
Jean-Jacques Tankwey, l’unique designer, fait figure d’exception à l’exposition qui réunit dans sa majorité peintres et sculpteurs avec son «Ebonga Nkisi nkondi », un escabeau dont la forme rappelle celle du xylophone. Autant sa participation est unique, autant il a voulu présenter une pièce qui traduise une pensée originale inspirée à la fois de la tradition kongo et du répertoire de la rumba congolaise, un de ses classiques. Il s’agit du passage de ce tube des années 1980, "Laissez tomber", de Franck Lassan, qui reproche sa méconduite à une quidame lui rappelant que le chien, quoique doté de quatre pattes, ne suit qu’une voie à la fois alors qu’elle en emprunte dix avec ses deux pieds : « Mbwa azali na makolo minei, alanda nzela se moko, kasi kasi yo, makolo mibale kaka olingi ba nzela zomi ».
Tankwey a affirmé au "Courrier de Kinshasa" : « Le premier pas vers la conception d’Ebonga Nkisi nkondi, c’est la chanson de Franck Lassan, elle m’a permis de m’orienter. Ensuite, j’ai établi un lien avec le Nkisi nkondi, étant déjà familier à ces sculptures utilisées pour l’exorcisme ou encore dénicher un voleur dans le Kongo central. Il y en a de deux sortes, moi j’ai choisi celle à la forme de chien que j’ai reliée avec l’extrait de Laissez tomber ». En outre, a ajouté le designer, « de tous les instruments de musique que je connaisse, c’est le xylophone le plus proche de ces deux images, le Nkisi nkondi et le chien évoqué par Franck Lassan. L’idée de la rumba est relancée avec cet instrument de musique traditionnelle ».
Pour le designer, relier l’image du fétiche à celle de la fonction apaisante de la musique, un des bienfaits qui lui sont reconnus, a été le premier trait d’union dans son processus créatif. « Ma démarche était simple. M’étant demandé comment participer à l’exposition Rumb’art, interpréter en tant que designer cette musique qui nous a bercés depuis notre enfance, elle –même s’est constituée en source d’inspiration. Je suis parti de la chanson de Franck Lassan. Et l’autre lien du fétiche avec la rumba, c’est parce que l’un et l’autre participent à la résolution de problèmes dans la société, la musique adoucit les mœurs, la rumba apaise tout comme de son côté la découverte d’un voleur ou l’exorcisme ramène la quiétude », a-t-il expliqué.