Publié aux éditions Pascal Galodé, le livre coécrit par Serge Bilé et Audifac Ignace est une enquête journalistique sur le racisme aujourd’hui au Vatican.
Le petit volume d’à peine 125 pages, accessible à la lecture, présente beaucoup de révélations sulfureuses sur des faits fortement médiatisés qui dénotent de l’oppression et des injustices fondées sur la couleur de la peau, même dans une institution censée témoigner de plus hautes valeurs morales universelles, au nom d’un Dieu qui n’est que bonté et vérité.
Les auteurs de cette enquête menée dans le milieu ecclésiastique ont eu des entretiens soit avec les victimes de diverses calamités décrites dans le livre, soit avec d’autres témoins ayant gardé l’anonymat. L’ouvrage dans l’ensemble compte six chapitres qui dénoncent des cas flagrants du racisme européen au sein de l’Eglise.
Il s’agit, entre autres, des clercs noirs agressés dans l’entourage des papes, non seulement des prêtres, mais aussi des évêques et cardinaux africains. A côté de cela, l’existence des prêtres sans papiers et des religieuses poussées à la prostitution à Rome, alors que les consacrés européens jouissent d’un traitement plus reluisant et plus souple.
Le racisme aujourd’hui au Vatican est dévoilé aussi dans le livre par l’évocation de certaines prises de position ou du silence des papes au cours de l’histoire qui ont montré l’image d’une église apparemment acquise à la cause de l’Occident, une forme de mépris vis-à-vis de l’homme noir, surtout pendant la période de l’esclavage, des deux guerres mondiales et de la colonisation. De même, concernant les canonisations des saints ou l’attribution des prénoms chrétiens. Il est rare, voire presque impossible de rencontrer une église européenne baptisée du patronyme d’un saint originaire d’Afrique.
« Comment peut-on être crédible dans la dénonciation du racisme dans le monde, quand on n’a pas la volonté de le combattre dans sa propre maison ? C’est toute la question que soulève le silence du pape et de la Curie romaine sur les discriminations dont sont victimes, au Saint-Siège même, les prêtres et les employés africains » (page 63). Et pourtant, « tous les hommes sont des frères en Jésus-Christ », comme l’affirme le pape Pie XII ou tout récemment le pape François dans son encyclique Fratelli tutti, « Tous frères » en français.