Voir ou revoir : « Mon cher enfant » de Mohamed Ben Attia

Jeudi, Juillet 14, 2022 - 18:49

De genre drame et d’une durée d’environ 1h 40 mn, « Mon cher enfant » aborde avec finesse la question de l’enrôlement des jeunes dans l’univers du terrorisme.

« Mon cher enfant » est le deuxième long-métrage de Mohamed Ben Attia, à travers lequel il esquive avec finesse toute caricature sur la problématique qu’il aborde, quoique ce soit un sujet fort et un fait brûlant d’actualité.  Riadh s’apprête à prendre sa retraite de cariste au port de Tunis. Avec Nazli, il forme un couple uni autour de Sami, leur fils unique qui s’apprête à passer le baccalauréat. Les migraines répétées de Sami inquiètent ses parents. La première partie du film s’attarde, effectivement, sur l’inquiétude de Nazli et Riadh. Au fil des séquences, on peut voir les deux parents préoccupés accompagner leur fils à l’hôpital, prendre soin de lui, tandis que le jeune garçon se replie dans son mal et dans un silence souvent manifesté à l’adolescence.

Et sans jamais trop forcer sur le mystère qui entoure la trame de cette fiction-drame, Mohamed Ben Attia filme ces crises de migraine comme un signe avant-coureur de la catastrophe qui va s’abattre sur cette famille. Ce mal dont souffre Sami. A travers cette inexplicable transformation du jeune garçon, le cinéaste filme et montre, en parallèle, ce qu’être parent implique : s’inquiéter, s’occuper, d’une manière presque infinie, de sa progéniture, nourrir, soigner, vêtir, être à l’écoute, penser à l’avenir, conseiller…

Au moment où Riadh pense que son fils va mieux, celui-ci disparaît mystérieusement. Nazli et Riadh comprennent peu à peu qu’il lui est arrivé ce qu’il arrive à bon nombre de jeunes Tunisiens : il a rejoint la Syrie pour combattre auprès de l’organisation Etat islamique. Mais au lieu de s’appesantir sur les raisons à la fois personnelles et sociétales de l’endoctrinement de Sami, le réalisateur s’en détourne, laissant ce basculement inexpliqué aux yeux du couple comme du spectateur. La puissance émotionnelle du film tient justement à ces vides laissés là où trop souvent certains cinéastes se chargent de recoller tous les morceaux d’un acte. Un film plein d’émotion et de réflexion.

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes en 2018, « Mon cher enfant » laisse apparaître principalement dans son casting Imen Cherif, Mouna Mejri, Mohamed Dhrif.

Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
L’affiche du film/DR
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