Livre : Joseph Itoua publie "Les danses-sports traditionnelles dans la Cuvette congolaise : Mondo, Ekongo et Kiébé-Kiébé"

Vendredi, Juillet 15, 2022 - 15:47

Paru aux éditions universitaires européennes, l'ouvrage de 344 pages contribue aux dispositions nationales et internationales pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des peuples de la Cuvette congolaise.

Le livre de Joseph Itoua s'articule sur trois chapitres dont le premier présente la danse Mondo, le deuxième s’appesantit sur Ekongo et le troisième est consacré à la danse Kiébé-Kiébé. Le Mondo est une danse spectacle des Mbosi qui comporte deux aspects : festif ou Mondo et sportif ou Ikwé. C’est une course rapide ou de fond que l’on pratique en tournant sur soi et en dansant. Le Mondo est surtout pratiqué par les Mbosi Olee habitant les zones d’Ondinga, d’Asoni, de Tsongo, d’Ilanga, de Bombo, d’Olembe, de Tsè, actuellement réparties dans les districts d’Abala, d’Ollombo, d’Ongogni et de Makotimpoko, dans le département des Plateaux. Le Mondo est aussi pratiqué dans le département de la Cuvette par les Koyo (ou Kouyou) habitant les districts d’Owando et de Makoua, et par les Mbosi d’Obaa, dans le district de Ngoko.

Ekongo, par contre, est un jeu pratiqué en pays Koyo et dans certaines zones stricto Mbosi. C'est aussi une danse en majorité masculine. Ekongo est pratiqué par les  Mbosi et Koyo, dans le département de la Cuvette, précisément dans les districts d’Owando, de Makoua, de Ntokou, de Ngoko, d’Oyo et de Tchikapika.

Quant au Kiébé-Kiébé, selon l’auteur, il peut se définir et se vivre comme une danse, un sport et un spectacle, au cours duquel et devant un large public, « le Tswambondzi » accomplit plusieurs mouvements de rotation sur lui-même en pivotant sur les deux jambes, le dos complètement recourbé comme un chat. C’est aussi une école de la vie pour les initiés. Le Kiébé-Kiébé est pratiqué par les Mbosi, Ngaë, Nguilima, Koyo, Tegue et Likouba dans le département des Plateaux (districts d’Alembé et d’Abala), de la Cuvette (districts d’Owando, d’Oyo, de Boundji, Tchikapika, Ngoko et Mossaka), et de la Cuvette-Ouest (district d’Okoyo).

Un livre à la croisée du catalogue et de l’essai ethnologique

Le but de cet ouvrage est l’inscription scientifique de ces trois sports dansés et des musiques patrimoniales qui leur sont attachées, avec pour toile de fond leur revalorisation. Il offre aux générations actuelles et futures un support écrit de leur inspiration pour mieux exprimer leur identité culturelle. Tant il devient évident que dans le contexte moderne mouvant et corrosif de la globalisation, caractérisé par la course effrénée vers le développement matériel, seuls survivront les corps culturels qui auront pris le soin de s’abreuver aux sources intarissables de la tradition. Le but de cet ouvrage est aussi de souligner que ce patrimoine culturel a une valeur sémiologique, historique et scientifique. Pour l’essentiel, ce patrimoine immatériel affiche une existence. L’appel immédiat est de lui faire bénéficier des efforts de la société intellectuelle, de la nation et de l’Unesco, au travers des politiques d’inventaire, de reconnaissance, d’inscription.

Cet ouvrage contribue aux dispositions nationales et internationales pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des peuples de la Cuvette congolaise. Il offre un cadre d’inspiration pour l’inscription de ces éléments de la culture Mbosi sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel. Il éclaire et matérialise le lien séculier qui doit exister entre le ministère de la Culture et des Arts, le ministère du Tourisme et des Loisirs, et celui des Sports. Il s’agit là d’un enjeu de tourisme culturel, mais aussi celui de la relation traditionnelle entre la danse et le sport.

Dédicaçant l’ouvrage du Pr Joseph Itoua, le ministre de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo, a indiqué que depuis des siècles, le génie de l’homme a osé et réussi dans la Cuvette congolaise l’heureuse symbiose de la danse, du sport et de la musique dans un colloque singulier. En effet, les danses Mondo, Ekongo et Kiébé-Kiébé qui sont le leg des générations disparues rappellent à chaque pratiquant son passé, tout en le cristallisant sur son avenir, portant ainsi avec bonheur l’identité culturelle des peuples du terroir. « C’est donc pour exalter leurs cérémonies chaleureuses qui réveillent en l’homme les valeurs d’espérance, la quête du bonheur personnel, la propulsion dans l’univers cosmique dans un environnement perpétuellement porté vers la quête de prospérité et de la paix collectives, que le Pr Joseph Itoua a produit ce document fluvial, véritable pièce didactique, à la croisée entre le catalogue et l’essai ethnologique », a écrit le préfacier.

Spécialiste de l’histoire et civilisations africaines, Joseph Itoua est professeur titulaire des universités CAMES à l’Université Marien-Ngouabi. Il exerce les fonctions de directeur général du Patrimoine et des Archives au ministère de la Culture et des Arts de la République du Congo.

Bruno Okokana
Légendes et crédits photo : 
1-La couverture du livre " Les danses-sports traditionnelles dans la Cuvette congolaise" / DR 2-Le Pr Joseph Itoua/ Adiac
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