Avec des phrases fantastiques donnant lieu à une effervescence sonore envoûtante, Tofla Tofolo a égayé les mélomanes. Auteur des titres à succès, il signe avec Victoria Eleison en 1983 « Abissina na ngai » qui a connu un brillant succès.
Ecrit par Tofla, le morceau a été attribué à Emeneya par certains chroniqueurs. La chanson paraît à Kinshasa en format 45 tours grâce aux Editions Internationales Vévé sous la référence VV-413. Elle se retrouve également sur le disque 33 tours référencé EVVI 20 avec « Okosi Ngai Mfumu » sur la face A, « Sans préavis » et « Sourir Cacharelle » sur la face B.
Le principal personnage à qui Tofla dédie cette chanson se nomme Abissina. Dotée d’une beauté irrésistible, elle a foudroyé les cœurs des jeunes Kinois en ces temps là. Ici, l’auteur nous plonge dans l’univers d’un jeune homme épris d’Abissina. Les deux vivent une idylle. Entre temps, la fille a eu un autre amant. En apprenant la nouvelle, le jeune homme ne condamne pas sa bien-aimée mais cherche plutôt à comprendre la réalité pour savoir s’il peut toujours espérer. En outre, il demandera à Abissina de venir panser son cœur qu’elle a blessé en le consolant. C’est une autre facette de l’amour que l’auteur nous présente dans son récit.
« Abi yeba ke ngai awa motema mozoki o wou owou o, Abi présence ya pamba nasengi consolation mpo nabika nabika o mama, ngai motema mabanzo kaka yo ». Tentons de traduire en franaçais par: « Abi sache que mon cœur est blessé o wou owou o, Abi je demande juste ta présence comme consolation pour que je guérisse. Mon cœur, mes pensées sont à toi ». Notons que dans sa manière de jouer à la guitare solo, Santana Mongo Ley fait intervenir des sixtes tout en faisant glisser ses doigts rapidement pour accomplir les tierces, ce qui produit des sons prodigieux. Pendant ce temps, Tofla est à l’accompagnement. La guitare basse de Pinos et la batterie de Patcho Star posent le soubassement rythmique de cette magnifique élégie. Par ailleurs, Emeneya, Cartouche, Petit Prince, Macolin et Joli Mubiala chantent en polyphonie. La complicité entre les instrumentistes et les chanteurs fait de cette aubade un véritable chef d’œuvre.
Originaire de la République démocratique du Congo, Tofolo Djonyo Jean-Marie, dit Tofla Kitoko, est mort en 1988. Il s’est illustré comme un talentueux guitariste accompagnateur dans son pays. C’est vers la fin des années 1970 qu’il intègre l’ensemble musical Isifi Mélodia d’Evoloko. En 1980, il fait son entrée dans Viva la Musica de Papa Wemba comme guitariste mi-solo. Dans ce groupe, il composera « Zouzou Maya », titre que l’on a souvent attribué à Papa Wemba. En 1982, il fait partie des transfuges qui sont allés créer Victoria Eleison.