Afrique : le dynamisme du continent entravé par une série de crises

Mercredi, Juillet 27, 2022 - 14:40

Les acquis du développement de l'Afrique sont menacés par les trois grandes crises actuelles, selon la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed.

Amina Mohammed intervenait lors d’un dialogue sur le développement africain organisé au siège de l’ONU. Pour le président de l’Assemblée générale des Nations unies, Abdulla Shahid, l'Afrique demeure un continent riche en ressources humaines et naturelles et doté d'un énorme potentiel économique et social inexploité. Mais la pandémie de Covid-19 a « annulé les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies et réduit davantage une marge de manoeuvre budgétaire déjà limitée », a déploré le numéro 2 de l’ONU. La crise sanitaire ayant mis en évidence et exacerbé les inégalités sociales dans presque tous les domaines : distribution des vaccins; croissance économique; accès à l'éducation et aux soins de santé; et pertes d'emplois et de revenus. 

Une série de chocs

« De toutes les régions, l'Afrique a, sans doute, connu les transformations les plus spectaculaires au cours des 76 ans d'histoire des Nations unies. Au cours de cette période, de nombreux pays africains ont lutté pour obtenir et gagner leur indépendance, tout en étant plongés dans des luttes pour le développement socio-économique, la paix et la sécurité », a déclaré Abdulla Shahid. Malgré ces victoires, pour la première fois, depuis plus de 20 ans, la pauvreté a augmenté en Afrique avec les femmes et travailleurs informels touchés de manière disproportionnée. La pandémie a, en effet, entraîné la pire récession économique depuis un demi-siècle en Afrique, avec une contraction du PIB réel de 3% en 2020, sur fond d'accumulation rapide de la dette, a pour sa part remarqué le président du Conseil économique et social, Collen Vixen Kelapile.

Le changement climatique continue lui aussi de menacer l'avenir du continent : « Les sécheresses, les inondations et les ouragans sont de plus en plus nombreux et sévères, et les pays africains sont en première ligne », a énuméré Amina Mohammed. A cela s’ajoute la guerre en Ukraine qui précipite une crise alimentaire, énergétique et financière d'ampleur mondiale frappant l'Afrique de plein fouet. En l'espace de trois mois seulement, 71 millions de personnes dans les pays en développement sont tombées dans la pauvreté, conséquence directe de la flambée des prix mondiaux de l'alimentation et de l'énergie. Les personnes vivant dans des régions, comme le Sahel et la Corne de l'Afrique, sont particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire. Malgré tout,  « l'Afrique que nous voulons » était toujours à portée de main, mais pour y parvenir, « nous devons changer nos mentalités et transformer cette triple crise en une opportunité », a-t-elle souligné.  

Des objectifs à la portée du continent

Amina Mohammed a appelé à se concentrer sur plusieurs points, dont la mise en place de cadres et des institutions politiques efficaces et fiables, en appelant à « une réponse politique énergique aux défis d'aujourd'hui », faute de quoi les inégalités risquent « de s'enraciner ». Puis, elle a préconisé des investissements dans les technologies numériques, l'éducation et le développement des compétences, en tant que « catalyseurs de l'industrialisation de l'Afrique » ; le développement des énergies renouvelables et « une approche globale » du financement. Elle a ajouté un besoin d’aide financière immédiate pour passer le cap des prochaines années - par le biais du « réacheminement des droits de tirage spéciaux non utilisés », de l'augmentation des subventions concessionnelles et du renouvellement de l'initiative de suspension du service de la dette.

La COP 27 en Egypte, une « COP africaine » où convergent tous les regards

Amina Mohammed voit en la COP 27,  qui se tiendra en Egypte, l’occasion d’une forte mobilisation pour soutenir les pays africains, en particulier leurs besoins et leurs priorités, afin de garantir des progrès significatifs contre le changement climatique. « La COP27 en Égypte sera la COP africaine », a-t-elle déclaré. « L’événement sera l'occasion de s'appuyer sur les résultats de Glasgow et de montrer nos ambitions de tenir les promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030, des Accords de Paris ainsi que l'Agenda 2063 de l’Union africaine, qu’il s’agisse d’accroître et d’accélérer les investissements dans des solutions d'adaptation au climat protégeant les individus et les écosystèmes, ou de renforcer la résilience pour les crises à venir », a-t-elle conclu.

Noël Ndong
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