Théâtre : « Fantôme » dans la cour d’honneur des auteurs africains

Jeudi, Juillet 28, 2022 - 19:26

Le Congolais Dieudonné Niangouna est l’une des très grandes voix du théâtre contemporain congolais et africain. Le 20 juillet dernier, sa pièce de théâtre « Fantôme » a été mise en voix à « Ça va, ça va le monde » dans la cour d’honneur des auteurs africains, au festival d’Avignon, en France.

La pièce de théâtre « Fantôme » du Congolais Dieudonné Niangouna sera diffusée en direct sur la page Facebook de RFI, sur les antennes à la radio du monde chaque samedi du 30 juillet au 3 septembre 2022 à 17H ainsi qu’un podcast. C’est sa première pièce de théâtre sur la question de la colonisation. Aussi, c’est pour la première fois, comme l’ont expliqué les organisateurs,  que son texte est lu sur scène en France. « C’est une sorte de communion avec des spectateurs, ce qui est très évident quand j’écris une pièce de théâtre ou quand je la joue, c’est de tisser une fable qu’on raconte aux gens, pour que, évidemment, les gens sortent du théâtre un peu plus sensibles qu’ils étaient en entrant », a expliqué Dieudonné Niangouna sur RFI.

Choc de l’héritage, « Fantôme » c’est l’histoire de trois frères et sœurs Hermana, Martha, Maria et leur neveu, qui se sont retrouvés pour vendre la demeure d’un père qu’ils n’ont pas connu. Mais un vieillard, venu s’abriter de la pluie, va semer la zizanie. Pourquoi ressemble-t-il tant à leur père décédé ? Comment connaissent-ils son histoire, celle d’un homme parti chasser le rhinocéros blanc en Afrique et mort là-bas ? Au fil des discussions tapageuses, les personnes tentent de démêler la vérité. Fantôme est une quête d’identité qui se prononce comme une enquête sur l’histoire étouffée par la honte et l’opprobre.

Le point de départ pour la réflexion du sujet abordé n’est pas le Congo, mais le Cameroun. Par cette pièce, l’auteur s’est intéressé à une histoire allemande au Cameroun, où il a quelques données, quelques bases et, ce qui l’a intéressé, ce n’est pas de raconter des faits ou de se demander s’il est une quelconque légitimité, en tant que Congolais, à raconter cette histoire sans être Camerounais. Mais, pour l’auteur, la légitimité existe en tant qu’auteur qui a besoin de dire quelque chose et, l’écriture lui donne ce droit.

« Je n’aime pas beaucoup expérimenter le thème de la colonisation. C’est la seule fois que j’écris un texte sur la colonisation. J’ai exploré plusieurs thèmes politiques, notamment les guerres civiles au Congo, les relations avec France Afrique sur divers points, les problèmes d’héritage, de la famille. Quand j’ai eu la demande de berliner ensemble, pour moi, il était évident de soulever cette question de la colonisation, car c’est quelque chose qui est allé de façon très inexacte, le rapport de l’Allemagne avec le Cameroun de la colonisation », a renchéri Dieudonné Niangouna sur RFI.

Les premiers pas de Dieudonné Niangouna au théâtre viennent de très loin. En 1997, à l’âge de 21 ans, il crée une compagnie de théâtre avec son père Criss, le bruit de la Rue. Quelques années plus tard, il devient le co-fondateur du festival Mantsina sur scène à Brazzaville. Sa carrière internationale débute en 2005, alors qu’il est l’un des quatre auteurs africains à l’affiche de la comédie française au vieux colombier. En 2017, le festival d’Avignon l’invite pour la première fois et devient depuis 2013 seul Africain associé à l’histoire de ce festival. Beaucoup ont interprété cette décision comme un très grand signal de reconnaissance envoyé au continent et aux auteurs et artistes africains.

Cissé Dimi
Légendes et crédits photo : 
1- La couverture de la pièce de théâtre livre/DR; 2-Le congolais, Dieudonné Niangouna, auteur du livre/DR
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