« Soutien aux terroristes » au Mali : la France dénonce des "accusations insultantes"

Lundi, Août 22, 2022 - 15:27

Dans une lettre adressée aux Nations unies, les autorités maliennes de transition accusent Paris de collecter des renseignements au profit des groupes terroristes au Sahel et de leur larguer  des armes et des munitions. L'ambassade de France à Bamako dément et présente son bilan. 

L’ambassade française à Bamako répond à ces accusations formulées par la diplomatie malienne, affirmant que Paris avait « collecté des renseignements au profit des groupes terroristes [afin de] leur larguer des armes et des munitions », sur son compte twitter.  « La France n'a pas évidemment soutenu directement ou indirectement ces groupes terroristes », peut-on lire. L’ambassade  revient sur l’intervention française au Mali entre 2013 et 2022 répond à la demande des autorités maliennes, pour stopper les terroristes. Le bilan présenté est le suivant : « la France a libéré de nombreuses villes maliennes qui étaient tombées entre les mains des terroristes, lesquels imposaient leur règne de terreur – interdiction de l’éducation, meurtres, punitions corporelles –, notamment à Tombouctou et à Gao […] En 9 ans, Paris a neutralisé plusieurs centaines de terroristes au Mali et mis hors d’état de nuire deux figures historiques du terrorisme dans la région », notamment le chef du groupe État Islamique, Adnan Abou Walid al-Sahraoui et le chef d’al Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel.   

« Dans tous les communiqués des groupes terroristesla France était jusqu’à son départ désignée comme leur ennemi numéro un. 53 soldats français, dont la mission consistait avant tout à lutter contre les groupes terroristes » sont morts au Mali, poursuit l’ambassade de France. Et de préciser :  « La France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement ces groupes terroristes, qui demeurent ses ennemis désignés sur l’ensemble de la planète ».

Dans une lettre de trois pages, adressée le 15 août à l’ONU, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a accusé l'armée française de soutien aux jihadistes, énumérant  une série de cas présentés comme des « violations répétitives et fréquentes de l’espace aérien malien par les forces françaises » : « drones, hélicoptères ou avions de chasse » auraient survolé le Mali « sans autorisation » de Bamako. Une cinquantaine de cas auraient été enregistrés depuis le début de l’année. Abdoulaye Diop demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU et menace : « en cas de persistance de cette posture qui porte atteinte à la stabilité et à la sécurité de notre pays, le Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense ». Il dénonce des « activités d’espionnage », citant des « colis largués » par l’armée française, comme à Labezanga, le 8 août dernier. Cette dénonciation vient après l’épisode du charnier de Gosi : Des corps enterrés rendus par Barkhane aux forces maliennes. Charnier qui sera attribué par le Mali aux soldats français et par la France à l’armée malienne et aux mercenaires russes du groupe Wagner. Paris démentant et dénonçant des tentatives de « désinformation ».

Le général Bruno Baratz dénonce ces accusations « insultantes » du Mali

Le nouveau commandant de la force Barkhane (Comanfor), le général Bruno Baratz, a réagi à son tour face à ces accusations, alors que le retrait de la force Barkhane vient à peine de s’achever. « Pour nous, militaires français, qui avons toujours été transparents des autorités maliennes, nous trouvons que c’est insultant pour la mémoire de nos 59 camarades qui sont tombés en se battant pour le Mali, et également pour la mémoire des Maliens qui se sont battus à nos côtés, mais aussi des personnels et des forces africaines de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme. C’est un petit peu insultant de leur part, parce qu’effectivement, nous avons tout fait pour nous battre jusqu’au bout. Même au moment du désengagement, il y avait eu un accrochage entre le personnel de la 13e DBLE et un groupe de l’EIGS, faisant deux morts dans les rangs de l’EIGS. C’est étonnant de nous accuser aujourd’hui d’appuyer et de soutenir le terrorisme ». La France a indiqué qu’elle « poursuivra sans relâche le combat contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l’ouest, en soutien des efforts politiques, civils et militaires de la Cédéao et des États de la région, et en pleine coordination avec ses partenaires européen et américain engagés » [et] condamne la multiplication des manipulations de l’information qui ne doivent aucunement détourner l’attention de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays, dont la population est parmi les premières victimes », lors du point presse du 18 août, du Quai d’Orsay.

Depuis le coup d’État à Bamako, en mai 2021, les tensions n’ont cessé de s’exacerber entre la France et le Mali. Elles viennent  d’atteindre un nouveau sommet, avec les nouvelles accusations du gouvernement malien.

Noël Ndong
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