France-Comores : le chef de la diplomatie comorienne appelle à faire preuve de discernement et de retenue

Jeudi, Août 25, 2022 - 11:00

Le ministre français de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérard Darmanin, était à Mayotte, avec comme priorité la lutte contre l’immigration clandestine en provenance des Comores. Il souhaite notamment réformer le droit du sol sur l’île.

Les associations de défense des droits de l’homme critiquent la proposition

Les associations de défense de droit de l’homme ont, comme d’habitude,  critiqué la proposition, visant à durcir l’attribution de la nationalité française aux enfants nés à Mayotte. En effet, Gérard Darmanin souhaite que, désormais, au moins un des parents d’un nouveau-né ait résidé régulièrement à Mayotte depuis au moins un an, contre trois mois actuellement.

En juillet 2013, l’Assemblée nationale avait voté l’adaptation du droit du sol à Mayotte, pour faire face à une forte immigration clandestine en provenance des Comores. L'article exigeait pour les enfants nés à Mayotte que l'un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois. Ailleurs en France, aucun délai de résidence n'est exigé. Pour la Ligue des droits de l’homme, la proposition du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer « porte un peu plus atteinte au droit du sol dans ce département », et elle représente « un pas de plus vers le statut discriminatoire du département le plus pauvre de France ». Or pour le ministre, il s’agit de « lutter contre l’attractivité sociale et administrative du territoire [Mayotte] », pour freiner l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines.

Le chef de la diplomatie comorienne appelle à faire preuve de discernement et de retenue

Les propos du ministre de l'Intérieur ont  irrité les autorités comoriennes. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie, Dhoihir Dhoul Kamal, écrit qu’il avait appris « avec beaucoup d’étonnement les propos désobligeants tenus par M. Gérald Darmanin » qui qualifient « les Comoriens des trois autres îles de clandestins à Mayotte », et prétendant vouloir « lutter contre l’attractivité sociale et administrative » de l’île, en freinant « l’immigration clandestine en provenance des Comores ». Il a exprimé son désaccord par rapport à ces propos du ministre de l’Intérieur, et a appelé ce dernier à « faire preuve de discernement et de retenue dans ses déclarations, afin de préserver les acquis du dialogue engagé, dans l’intérêt de leurs deux peuples amis [la France et les Comores] » qui partagent une longue histoire. Pour les autorités comoriennes, « les Comoriens se trouvant dans une des quatre îles des Comores ne peuvent pas être considérés comme des clandestins, dans la mesure où ils se trouvent dans leur propre territoire ».

Le chef de la diplomatie comorienne estime que les propos du ministre français de l’Intérieur tendent à « remettre en cause la Déclaration signée à Paris sur l’amitié et la coopération entre la France et les Comores le 21 juin 2013 », qui vise à refonder la relation bilatérale. Sur cette base, un dialogue politique renforcé a été mis en place avec la création d’un « haut conseil paritaire ». Après des mois de crispation due à la décision des autorités comoriennes, le 21 mars 2018, de ne plus réadmettre les Comoriens entrés illégalement à Mayotte, la signature d’une déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères des deux pays a acté, le 6 novembre 2018, la relance de cette coopération bilatérale. Dans cette Déclaration de Paris, les deux pays ont convenu de « promouvoir l’amitié des peuples dans le respect de la Charte des Nations unies ». Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques, près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers sont nés sur l'île. 

Noël Ndong
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