Urbanisme et environnement : le changement climatique dans les villes du Sud

Lundi, Août 29, 2022 - 12:24

Les gros titres des journaux se sont récemment tournés vers l’Inde, un pays frappé par des températures record, notamment  le ville de Delhi, qui atteint 49,2 degrés Celsius. La capitale financière de l’Inde, Mumbai, s’est arrêtée alors qu’elle faisait face à de graves inondations.

Dans les pays du Sud, les températures n’arrêtent pas de monter et le risque d’inondation d’augmenter, en raison de l’allure dont se produit l’urbanisation et de la vitesse. Lors de la conférence des parties à la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (Cnucc), ou COP, le sujet reçoit peu d’attention. Au cas où les choses ne changent pas, la quête mondiale de décarbonisation pourrait prendre un coup.

En effet, c’est dans le Sud que la majeure partie de l’urbanisation se produira au cours des trente prochaines années. Par exemple, l’Inde ajoutera plus de 200 millions de personnes à sa population entre 2011 et 2036 passant de 377 millions à 594 millions. D’ici 2050, la population urbaine de l’Afrique triplera. Ce qui représente 21% du total mondial. Parallèlement, de nouvelles infrastructures et de nouveaux biens devront être construits. La résilience au carbone de cette nouvelle étendue urbaine et son intensité de carbone dépendront de la façon dont elle sera planifiée et conçue.

Croissance urbaine et environnement

La croissance urbaine a aggravé les conditions environnementales, exacerbant les inondations, les températures et la pollution de l’air. Les routes conçues pour la circulation rurale sont devenues des artères majeures, laissant peu de place aux transports en commun, l’utilisation de la voiture devant monter en flèche. Les logements sont construits avec des matériaux de mauvaise qualité qui sont impropres aux intempéries, et le manque de fiabilité et l’inefficacité des réseaux électriques qui transmettent de l’énergie pour les refroidir signifient que des générateurs diesel sont nécessaires pour une alimentation permanente.  Les espaces verts se raréfient également. C’est le cas en Inde. Il faut changer la trajectoire dans les villes du Sud, par une planification et gestion plus minutieuses. Mais les municipalités parfois de ressources et de compétences (par exemple en sciences du climat et urbanisme. Ce qui expliquerait pourquoi seulement la moitié de ses plus grandes villes ont des plans d’adaptation au changement climatique : Manque d’argent, de pouvoir ou de financement pour soutenir les projets.  Si des initiatives existent pour soutenir les villes qui luttent contre le changement climatique, leurs portées sont limitées.

Des réseaux comme Iclei-Local governments for sustainability et C40 Cities fournissent un soutien aux villes, de la capacité au financement au partage des meilleures pratiques, mais ils disposent de ressources limitées et couvrent des contextes allant de l’Europe à l’Afrique. Pour mettre tout cela en perspective, la Banque mondiale relève que 4,5 à 5,4 milliards de dollars par an sont nécessaires pour lutter contre le changement climatique dans les zones urbaines, mais en 2017-2018, seulement 384 milliards de dollars ont été investis. Alors que les possibilités de financement augmentent, la plupart des villes n’ont ni les capacités ni le soutien nécessaires pour y accéder. Pour résoudre la situation, les villes doivent devenir un point central des futures COP. À ce jour, le processus s’est concentré sur l’adoption d’objectifs et de financements de haut niveau pour l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ces changements.

 Des experts pensent que les conversations doivent se tourner vers la question de savoir si ces objectifs sont réalisables, y compris en examinant les villes du Sud. A savoir si des terres sont mises de côté pour faire de la place pour les transports en commun, les routes plus larges et les parcs. Ou comment les réseaux énergétiques seront mis à niveau pour soutenir les énergies renouvelables. Ou quels matériaux et conceptions pour refroidir les bâtiments doivent être encouragés par le biais de réglementations de construction.

Au lieu de se disputer sur le moment où les 100 milliards de dollars promis par les pays à revenu élevé, pour lutter contre le changement climatique devraient être atteints, l’accent devrait être mis sur la façon dont ils peuvent être dépensés, selon les experts - par le biais d’investissements dans les infrastructures urbaines, par exemple, en amortissant l’investissement privé et en améliorant les capacités municipales. Peut-être faudrait-il un C40 axé sur les pays du Sud pour définir ces besoins dédiés aux villes plus petites mais à croissance rapide, comme Bunia en République démocratique du Congo et Vijayawada en Inde, où les mécanismes de soutien sont les plus nécessaires, s’interrogent-ils.

 La première réunion des ministres urbains lors d’une COP de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques est prévue pour la COP 27, en Égypte cette année. L’événement fournit la bonne toile de fond pour faire avancer ce programme urbain. Alors que les émissions globales dans les pays du Sud restent faibles par rapport aux pays à revenu élevé, atteindre zéro net signifie réduire les émissions dans tous les pays du monde. Cela nécessite une action collective. Les experts avertissent, si ceux qui s’urbanisent rapidement ne sont pas soutenus pour le faire de manière durable, les progrès faibliront.  

Noël Ndong
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