La guerre en Ukraine et l’incertitude géopolitique qui en résulte poussent de nombreux pays à vouloir réduire leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles en raison de la hausse des prix des carburants. Pourtant, comme le montre un récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les projets actuels et futurs en matière de combustibles fossiles vont pousser la planète au-delà d’une augmentation à 1,5 °C. Produire davantage de combustibles fossiles serait donc la catastrophe assurée.
Alors que les prix du pétrole sont à leur plus haut niveau depuis près de dix ans, plusieurs pays ont augmenté leur production de combustibles fossiles, ce qui, selon l’Organisation des Nations unies, ne fera qu’aggraver la situation à long terme. L’utilisation de stocks stratégiques et de réserves supplémentaires pourrait contribuer à atténuer la crise énergétique à court terme. Mais les experts des questions climatiques estiment que les pays doivent s’efforcer d’opérer un changement radical, en éliminant progressivement le charbon et les autres combustibles fossiles et en accélérant le déploiement des énergies renouvelables.
Pour Mark Radka, chef du service « Energie et climat » du Programme des Nations unies pour l’environnement, il n’est pas surprenant de constater que les entreprises du secteur de l’énergie et les producteurs de pétrole s’opposent à la réduction de la production de combustibles fossiles, mais il est important de faire la distinction entre les différentes entreprises, car ni les entreprises ni les pays ne sont monolithiques. Il y aura de l’opportunisme et il serait surprenant qu’il n’y en ait pas. Mais les entreprises les plus éthiques sont engagées dans une transition énergétique, et elles vont certainement maintenir le cap, même s’il y a des fluctuations à court terme.
Selon ce dernier, il faut du temps avant que l’argent investi dans un nouveau champ pétrolier ou gazier produise des hydrocarbures. Il s’agit donc d’investissements à long terme. Les entreprises ne prennent pas ce genre de décisions en fonction de la politique du moment.
Pour Mark Radka, il est clairement plus facile pour certains pays d’être autosuffisants en matière d’énergies renouvelables que pour d’autres. Si vous êtes dans une région très ensoleillée, le coût de l’énergie solaire est intéressant, alors que d’autres pays peuvent avoir de meilleures ressources éoliennes. La majorité des pays dispose de bonnes sources d’énergie renouvelable. Si le vent souffle quelque part et que le ciel est couvert ailleurs, vous pouvez exporter l’énergie. Logiquement, vous voudriez qu’il y ait un partage des ressources, permettant d’équilibrer l’offre.
Selon lui, ce type de projet est positif car il réduit les coûts globaux et augmente la fiabilité. Le monde s’électrifie de plus en plus, mais l’électricité n’est pas comme le pétrole ; on ne peut pas la stocker en grandes quantités, d’où l’importance d’une plus grande interconnexion.
Ce dernier conclut en précisant qu’il y a suffisamment d’élan pour continuer à avancer en matière de décarbonisation, mais il pourrait y avoir des revirements à court terme, à cause des différentes crises auxquelles le monde est confronté ces dernières années.