Personne n’aurait prévu un tel dénouement. Attendu depuis plusieurs jours par les automobilistes qui passent des nuits blanches aux stations-service de Kinshasa, les 27 000 tonnes d’essence y sont enfin acheminées via le port de Banana. Le rapport de l’Office congolais de contrôle (OCC), plus précisément son agence de Moanda, remet en cause la qualité du produit livré, poussant la direction générale à Kinshasa et le ministère des Hydrocarbures à réagir très vite pour éviter la colère des usagers de la route.
La confusion est à son comble après la dernière sortie médiatique de l’OCC, l’œil de la République démocratique du Congo (RDC) en matière de qualité des produits importés et consommés sur le sol national. Pour la petite histoire, son agence de Moanda, dans le Kongo central, a confirmé l’arrivée au port de Banana d’un navire transportant des produits pétroliers susceptibles d’alimenter la Ville province. Cependant, dans une correspondance destinée à la direction générale, l’agence provinciale note que ce carburant arrivé à Moanda n’est pas de bonne qualité et ne peut pas être commercialisé.
Sur un plan purement technique, il est fait état de la non-conformité de la cargaison de 24 572 374 TMV de Mogas (essence automobile) en provenance d’Anvers, en Belgique, via Lomé, au Togo. Les conclusions des services ont relevé la non-conformité au regard de la différence de températures entre 10 et 20 % des volumes évaporés du distillat qui est hors spécification. Il en ressort une teneur en soufre total supérieure à la spécification en vigueur en RDC.
La cargaison du produit est depuis le 13 septembre soumise à une procédure de refoulement, à moins d’une possibilité de reconditionnement ou de correction du produit au niveau du terminal Socir dans les quarante-huit heures. Une procédure de routine mais qui ne passe pas en cette période de grave pénurie de carburant sur l’étendue de la ville de Kinshasa. Les stations-service ne désemplissent pas malgré le ralentissement des ventes. Aucun automobiliste ne peut acheter plus de dix litres d’essence. Entre temps, le prix du litre sur le marché noir a doublé, voire triplé à certaines heures de la nuit. Pour s’adapter à ce contexte exceptionnel, les chauffeurs de taxi et taxi-bus revoient aussi leurs tarifs à la hausse.
Le premier rebondissement sur le rapport vient de la direction générale de l’OCC qui apaise en quelque sorte les esprits surchauffés en donnant des assurances sur la régénération possible en RDC de l’essence automobile provenant d’Anvers et réceptionnée à Moanda via Lomé. « Le carburant jugé non conforme en première analyse est aisément régénéré par reconditionnement, grâce à l’apport de nouveaux produits. C’est ce qui sera fait, selon la demande de tous les acteurs concernés, au terme d’une réunion technique tenue ce jour », indique-t-on.
Comme pour écarter les derniers doutes, le ministère des Hydrocarbures a insisté, pour sa part, sur le fait que la situation n’est pas dramatique tout en promettant de reconditionner les produits. « Nous avons appris, de la part de la hiérarchie et sur les réseaux sociaux, que le produit qui est venu n’était pas conforme. Ce genre de situations, nous avons eu à les gérer plus d’une fois, ce n’est pas dramatique. Cela ne veut pas dire que le produit est malsain. Quand le produit arrive, si nous estimons qu’il y a des écarts, il y a un travail qui est fait au niveau des terminaux, soit de Socir soit de Sep. A travers ce travail, on va régénérer le produit pour qu’il puisse répondre aux normes de la RDC », fait -onsavoir au ministère. D’ailleurs, renseigne le patron des Hydrocarbures, le même carburant est utilisé au Togo sans problème.