Réchauffement climatique : l’Afrique plaide pour l’indemnisation des dégâts climatiques

Réuni à Dakar, au Sénégal, dans le cadre de la COP27 qui doit se tenir en Egypte,  un groupe d’experts  a réclamé que les dégâts causés par le réchauffement climatique figurent en bonne place dans l’agenda.

Deux pays, le Sénégal et la République démocratique du Congo (RDC), ont indiqué qu'ils ne sont pas prêtsà renoncer à l’exploitation future du pétrole et du gaz sur leur sol sous la pression des pays industrialisés au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Une quarantaine de ministres et experts des pays les moins avancés est réunie à Dakar pour adopter une position commune en vue de la COP27. Les intervenants ont insisté sur la part minime prise par leurs pays aux émissions globales de gaz à effet de serre et sur le tribut disproportionné qu'ils paient. C’est le cas du ministre sénégalais de l’Environnement, Abdou Karim Sall, qui a déclaré : «  Les événements tels que les inondations, l'érosion côtière, les pluies hors saison... Quand ces événements surviennent de manière imprévisible avec des intensités parfois extrêmement élevées, les pays sont laissés à eux-mêmes.[…] Il est devenu impératif qu'un fonds soit mis en place qui prend en charge les pertes et dommages, notamment dans les pays les moins avancés ».

Dans leur déclaration finale, les participants ont fait rappeler « l'importance cruciale de la mise en place d'un mécanisme de financement pour faire face aux pertes et dommages ». Ils ont appelé toutes les parties, en particulier les grands émetteurs, à réduire d'urgence et de manière significative (leurs) émissions de gaz à effet de serre, et les pays riches à honorer les engagements financiers pris à l’issue de la COP21 de Paris pour faire face au réchauffement. Le ministre sénégalais et son homologue congolaise, Eve Bazaiba Masudi, ont dénié aux pays industrialisés la légitimité de réclamer que leur pays renonce à l'exploitation des hydrocarbures.

En 2023, le Sénégal prévoit d’exploiter ses réserves de gaz et de pétrole dans l'Atlantique. En juillet dernier, la RDC a lancé des appels d'offres pour l'exploitation de vingt-sept blocs pétroliers et trois gaziers, suscitant l'émoi des défenseurs de l'environnement, inquiets de l'impact sur la biodiversité et sur le climat qu'aurait la mise en exploitation de zones de tourbière et de forêt. Eve Bazaiba Masudi trouve « inconcevable » que l’occident qui « a construit son industrie grâce à l'énergie fossile », demande à la RDC d'y renoncer alors qu'il continue de représenter la majorité des émissions. Pour Abdou Karim Sall, « nous devons aussi lutter contre la pauvreté, il faut lier la question de la protection de l'environnement à l'économie pour arriver au développement durable", a-t-il dit, ajoutant. "Nous n'acceptons pas qu'ils viennent nous dire de renoncer au levier que nous avons ».

Noël Ndong
16/09/2022 - 13:57
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