A 45 ans, François Gazania, marié et père de deux enfants, dirige depuis deux ans les Brasseries du Congo (Brasco), l’un des fleurons de l’économie congolaise. L’entreprise, qui célèbre cette année ses 70 ans, n’as pas qu’une belle histoire derrière à raconter, mais aussi et surtout des engagements et des perspectives qui font luire l’économie nationale sur plusieurs fronts. Fort de ses 18 ans d’expérience sur le continent africain et dans l’océan Indien, François Gazania est le premier directeur général franco-congolais de Brasco. Une double fierté d’un challenge composite et surtout passionnant. Entretien.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.):Comment vous représentez-vous face à vos fonctions pris dans un moment de crise sanitaire important ?
François Gazania (F.G.):Je suis arrivé pendant la période de covid-19. Un moment assez compliqué. C’est aussi pendant des périodes de complexité qu’on construit de grandes équipes. Parce que le cœur de notre métier c’est de produire et de distribuer des boissons pour que les gens puissent se retrouver dans les moments de convivialité sur les lieux de consommation. Donc, avec certaines restrictions, cela a forcément été un peu plus difficile mais, cela a permis aux équipes d’être créatifs de se réinventer dans des moments plus complexes.
L.D.B.: On peut donc dire que Brasco a bien tiré son épingle du jeu face à la crise vécue par plusieurs entreprises.
F.G.: Oui ces épreuves nous ont renforcées, nous avons toujours de nouveaux défis à relever, parce qu’après la crise Covid, il y’a maintenant celle des matières premières avec la crise de l’Ukraine. On s’habitue car ces challenges font désormais partis de notre nouvelle réalité. C’est la nouvelle norme, un nouveau monde dans lequel on vit. C’est aussi ce que nous avons inculqué à nos équipes en cette période. Nous devons donc nous adapter et continuer à avancer.
L.D.B.: Comment situez-vous Brasco dans l’économie congolaise ? Quelle est la place de l’Entreprise aujourd’hui dans cet écosystème majeur ?
F.G.: Nous sommes l’un des plus grands employeurs au Congo. Nous sommes un pilier de l’économie congolaise, nous sommes au Congo depuis plus de 70 ans maintenant. C’est pour cette raison que nous célébrons cette longévité exceptionnelle au niveau du continent africain et de la sous-région. C’est un vrai exemple pour moi et une fierté d’avoir plus de 850 emplois directs, plus de 1200 emplois indirects et plus de 70 milles personnes qui vivent des activités de Brasco. Je pense que l’une des clés du succès et de la pérennité de Brasco, c’est qu’on a toujours mis le capital humain, les employés au cœur de tout. Nous avons développé énormément de compétence et c’est ce qui a donné un avantage concurrentiel à Brasco.
L.D.B.: Vous êtes dans un environnement assez concurrentiel, comment est-ce que Brasco se tient devant cette concurrence qui s’accroît ?
F.G.: La concurrence c’est toujours quelque chose de très sain dans une économie. Elle permet de se réinventer, de se challenger tous les jours. C’est pour cela qu’on se doit d’avoir une mentalité de compétiteur, ambitieux et conquérant, chaque jour. C’est aussi celle de mettre au cœur de nos préoccupations les clients et les consommateurs afin de gagner jour après jour cette bataille dans ce marché concurrentiel.
L.D.B.: Une entreprise comme la vôtre a forcément besoin de partenariats solides. Comment s’organisent ces relations sur le plan local dans un esprit évidemment win-win ?
F.G.: L’idée c’est de toujours travailler sur des partenariats gagnants-gagnants. S’assurer qu’il y’a une prospérité réciproque et construire des relations sur du moyen terme. On accompagne nos distributeurs, on travaille de plus en plus avec des producteurs de matières premières agricoles au niveau local, parce qu’on a un agenda important afin de développer le plus possible l’agriculture locale sur trois céréale : le maïs, le riz et le sorgho Nous essayons d’être de moins en moins dépendant de l’extérieur et ainsi de créer de la valeur sur notre territoire. Et, c’est pour cette raison que j’ai envie de dire que « chaque crise est une opportunité de croissance ».
L.D.B.: Un enjeu majeur de plusieurs entreprises aujourd’hui est le duo jeunesse et formation. Quel est le modèle que propose Brasco dans sa contribution vers des emplois durables ?
F.G.: La jeunesse a énormément d’importance. Une équipe performante c’est celle qui est diverse. C’est important d’avoir un bon mélange entre jeunesse et expérience. La créativité et le génie ne peuvent s’épanouir que dans un milieu qui respecte l’individualité et célèbre la diversité. Un bon mélange de jeunesse et d’expertise, pour conjuguer cette expérience au futur. Maintenant, ce que nous essayons de faire c’est de mettre en place des programmes en alternance. Nous avons un projet à soumettre au ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur pour essayer de développer des compétences qui soient vraiment en adéquation avec les besoins du marché du travail et de notre entreprise. Etre sûr que ces personnes qui sont formées au Congo puissent être employables tout de suite. Et au niveau des consommateurs, on essaie d’avoir de produits innovants qui répondent à leurs attentes.
L.D.B.: Brasco célèbre ses 70 ans, un moment important. Que représente ce cet âge en termes d’affaire ou de business ? Quels sont les chiffres que l’on peut retenir ?
F.G.: Ç’est 70 ans d’expertise et d’expérience. Cela représente la création de nombreux emplois, des valeurs et des richesses au sein de la république. 70 ans c’est une promesse pour moi, pour l’avenir. C’est un héritage important et surtout pour les 70 prochaines années parce qu’on est un pilier de l’économie congolaise. C’est l’occasion de se projeter, de se réinventer au quotidien pour qu’on soit encore présent les 70 prochaines années. La célébration des 70 ans est la réaffirmation de notre leadership. Nous sommes numéro 1 du marché de la bière et des boissons au Congo. Cette fête veut également rappeler au pays quelle est notre place et nos engagements pour le futur.
L.D.B.: Comment soutenez-vous l’Etat dans son programme alcool et sécurité routière ? Quelle est votre responsabilité dans cette instruction de consommation d’alcool raisonnable au volant ?
F.G.: Nous avons toujours été en partenariat avec l’Etat congolais dans ce programme notamment au niveau de la sécurité routière. Nous avons signé une convention l’an dernier avec la sécurité routière, pour une mutualisation dans tout ce qui est prévention pour une consommation plus responsable, s’assurer que celui qui boit ne conduit pas.
L.D.B.: Un message qui n’a pas fait l’objet de cet entretien ?
F.G.: Le message c’est d’être inspiré et passionné. C’est une chance pour moi de travailler à Brasco qui opère au Congo. Je suis confiant pour l’avenir. Je sais qu’on peut réaliser de grandes choses au Congo.