La Congolaise des eaux : un système de télégestion expérimenté à Brazzaville

Vendredi, Octobre 14, 2022 - 16:45

La direction départementale de La congolaise des eaux (LCDE) est dotée d’un système performant de télégestion pour contrôler tout le circuit hydraulique, du captage en passant par le traitement jusqu’au dernier consommateur.

Le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, Emile Ouosso, a fait le constat le 13 octobre à Brazzaville, au cours d’une visite d’inspection des installations de LCDE de la zone nord. Il a visité le réservoir de 10 000 m3 de Ngamakosso, dans le 6e arrondissement Talangaï, le complexe de production d’eau de Djiri (exhaure, Djiri I et II, le périmètre sanitaire spolié), les potablocs et aquablocs de Djiri, et le poste de contrôle de télégestion - sous tutelle de la direction générale de LCDE.

A la direction départementale de cette société, un poste de contrôle qui gère les usines et tout le réseau de distribution. Ici, rien n’échappe à l’œil vigilant des techniciens, du site de captage dit exhaure aux centres de désinfection et stations de reprise. Bref, tout le réseau est contrôlé en temps réel, à savoir le niveau de l’eau, les zones de pénurie, les pannes techniques et autres. Acquis récemment, cet outil d’aide à la décision est encore à sa phase expérimentale qui du reste facilite le travail des techniciens.

« S’il y a une fuite des conduites, cet outil vous donne tous les schémas et montre exactement où se trouve la panne. Vous avez actuellement un système informatisé de repère pour les usines. Tout est contrôlé, du niveau de stockage de l’eau au réseau de distribution. Ici, on est au courant automatiquement. Si on peut être en retard, cela peut être dû à une panne informatique. En dehors de cela, rien ne nous échappe », a dit un membre du personnel qui a gardé l’anonymat.

Et de déplorer :« La lenteur du service technique pour réparer les fuites est due au personnel. Nous n’avons pas assez d’équipes de dépannage pour les déployer sur toute l’étendue de Brazzaville. Du coup, nous travaillons de zone en zone. Donc dire qu’on peut régulariser automatiquement toutes les fuites au même moment c’est difficile ».

Selon certaines indiscrétions, le problème de pénurie ou de coupure ne relève pas d’un manque d’eau, car l’eau est en quantité suffisante comme en témoignent les fuites qui, selon elles, sont dues à l’abondance de l’eau dans les tuyaux. « Nous avons peu de consommateurs et on produit plus. Du coup, on doit limiter la distribution. Donc on régule », ont-elles affirmé.

En cas de coupure d’eau, l'on pointe du doigt les pannes électriques qui ralentissent la distribution. En clair, certaines zones sont pénalisées par rapport au délestage de courant.

Une érosion qui inquiète

Au réservoir de 10 000 m3 de Ngamakosso, le constat est amer. Ce site est menacé par une grave érosion située à environ 200 m. Avec le début de la saison des pluies, les responsables de ce site s’inquiètent car, disent-ils, « Chaque année, il y a environ 100 m de progression de l’érosion. C’est un grand danger. Notre métier c’est l’eau. Sur les questions d’érosion et de dégradation de terre, nous sommes impuissants ».

Pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur, le ministère préconise de faire l’état des lieux en collaboration avec les Eaux et forêts afin de refaire le couvert végétal. Autre approche : protéger le ravin par le gabionnage avec l’appui des travaux publics, mieux qualifiés pour venir à bout de cette catastrophe naturelle.

« Nous avons constaté un problème d’érosion. Les érosions relèvent des Travaux publics. Les gabions que nous mettrons à partir du point zéro, qui est le point le plus bas, vont en même temps sécuriser les pirates fonciers qui ont pris une partie de notre bien. Cela nous permettra de négocier ou en justice de poursuivre des actions parce qu’il faut à tout prix mettre hors de danger ce site de stockage », a préconisé le ministre de tutelle.

Le site de Ngamakosso est doté d’un réservoir d’une capacité de 10 millions de litres d’eau et d'une station de reprise qui remonte vers Boukiéro. Ce réservoir reçoit 7500 m3 d’eau de la Djiri, les unités de production sur une conduite en parallèle. Le réservoir de Boukiéro assure la distribution gravitaire sur trois lignes. Une conduite revient vers Ngamakosso, une deuxième alimente le quartier Domaine et une autre dessert un quartier de Mikalou. Ces dispositions hydrauliques démontrent l’importance de cette structure. Certains habitants veulent à tout prix protéger leurs habitations et demandent assistance pour venir à bout de ce phénomène naturel, d'autres, à contrario, attribuent ce tort à la LCDE, sans prêter attention à l’occupation anarchique dont fait l’objet ce site.

« Pour les habitants, ces érosions sont causées par les eaux de vidange du réservoir, mais en réalité, lors de la construction de cette infrastructure, il a été mis dans ce réseau les eaux pluviales de toute la zone. Aujourd’hui, les gens y habitent et c’est ce qui fait que l’érosion menace les habitants et les sites », a relevé le directeur général adjoint de la LCDE, Antoine Oléa.

Il est prévu de construire sur le site de Ngamakosso, faut-il le souligner, un deuxième réservoir doté d’une plus grande capacité. « Donc plus cet espace est spolié, plus il sera difficile de construire un autre équipement pour la zone de Brazzaville », a-t-il martelé.

Le périmètre sanitaire spolié

Dans le cadre du projet eau potable de Djiri, il était prévu un périmètre sanitaire qui partirait de la prise d’eau en remontant la rivière, soit une superficie de 1 km 500 sur une bande de 100 m de part et d’autre de la rivière. Et en aval de la prise d’eau, une superficie de 500 m. Ce périmètre sanitaire établi selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé fait l’objet d’une occupation anarchique depuis des années. Une situation qui perdure au grand dam de LCDE. « Cette superficie appartient à LCDE. C’est l’Etat qui, au coût fort des expropriations, a acquis cet espace », a signalé Guy Serge Ndinga Ossondzo, directeur commercial de LCDE. Mais force est de constater que sur la même emprise, des bâtisses sont érigées, pourtant acquise pour utilité publique.

« Le premier problème signalé révèle une agression des emprises des unités par les Congolais en quête de propriété et ceci de manière tout à fait illégale. Nous allons faire le point pour voir comment la renforcer ou initier d’autres actions pour que vous repreniez possession de tout votre bien immobilier. Nous vous conseillons de clôturer avec des murs épais et très haut toutes vos installations. Cela vous mettra à l’abri des rapaces fonciers, cela mettra surtout à l’abri la santé des Congolais », a recommandé le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, Emile Ouosso.

Et Guy Serge Ndinga Ossondzo, directeur commercial de LCDE, de lui emboîter le pas. « On prévoit ce périmètre pour éviter que la rivière puisse être chargée en matière, parce que toute rivière a un pouvoir auto épurateur. Donc la rivière elle seule peut absorber une pollution. Mais quand nous avons des captages et que la distance est très courte, la rivière ne peut pas absorber la pollution. Cela augmente les charges en termes de coût de traitement au niveau de l’usine parce que l’eau devient de plus en plus chargée. Ce qui pourra créer, à la longue, un rétrécissement de la rivière et compromettre le bon fonctionnement de notre usine », a-t-il fait savoir.

Sur les constructions anarchiques, cette société est présentement en train de faire des démarches pour sensibiliser les administrations en charge des questions foncières afin de prendre le relai et sécuriser cette emprise pour l’intérêt de la population et du service public en charge de l’hydraulique.

Il sied de souligner que l’eau fait l’objet d’une agression par certains Congolais qui mettent en place des stations de garage de voitures en amont du site de captage et polluent l’eau en raison de la construction des habitations sur le lit de la rivière, limitant ainsi son débit et donc la capacité d’alimentation des usines.

Josiane Mambou Loukoula
Légendes et crédits photo : 
1- Présentation de l'outil de télégestion 2- Traitement de l'eau à Djiri 3- L'érosion de Ngamakosso
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