Gouvernance mondiale : la réforme du Conseil de sécurité appelée de tous les vœux par plusieurs pays

Mardi, Novembre 8, 2022 - 11:00

Soucieux de l’avenir du monde, plusieurs Etats, institutions et organisations internationales appellent ces derniers temps à une réforme de la gouvernance mondiale. Des voix s’élèvent dans tous les continents, plaidant pour une communauté internationale plus « inclusive » et pour une réforme majeure du Conseil de sécurité, un organe souvent paralysé par le droit de veto, qui compte pour l’heure cinq membres permanents : Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Chine.

En Afrique, le président de l’Union africaine (UA) et chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a critiqué les insuffisances de certaines organisations comme le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) ou le G20, notamment en ce qui concerne les sombres réalités dont l’Afrique est confrontée. Il a cité, entre autres, la propagation djihadiste, la recrudescence des coups d’Etat, les conséquences des crises climatique et sanitaire, mais aussi celles liées à la guerre en Ukraine. « Force est de constater que ce tableau n’est pas reluisant » sur le continent, a déploré le chef de l’Etat sénégalais lors de la 8e édition du Forum international de Dakar, tenue en octobre dernier.

« Le terrorisme qui gagne du terrain sur le continent n’est pas qu’une affaire africaine, c’est une menace globale », a-t-il fait remarquer, ajoutant : « L’inertie du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme en Afrique porte en elle la défaillance du système multilatéral ». Le président de l’organisation panafricaine a, en outre, prévenu que « le multilatéralisme doit servir les intérêts de tous » pour pouvoir inspirer confiance et adhésion, « sous peine de perdre la légitimité et l’autorité attachées à son autorité ».

Sur le même sujet de la gouvernance mondiale, le président américain, Joe Biden, appelle à confier des sièges permanents à des pays d’Afrique et d’Amérique latine. Il l’a dit au moment où la question d’une réforme du Conseil de sécurité est devenue un cheval de bataille pour les Américains depuis l’invasion de l’Ukraine. Un sujet qui ressurgit à chaque crise internationale, lorsque l’un des cinq membres permanents utilise son droit de veto pour bloquer toute résolution soumise pour approbation. C’est ce qu’il s’est passé cette année lorsque la Russie a utilisé le sien depuis l’invasion de l’Ukraine, poussant les Etats-Unis à plaider pour un élargissement du Conseil de sécurité.

Des réformes nécessaires pour mieux refléter le monde actuel

Au sujet du véto de Moscou, Naledi Pandor, la ministre des Affaires étrangères d’Afrique du Sud dont le pays brigue depuis longtemps un siège au Conseil de sécurité, pense qu’« il est hypocrite de critiquer le concept du veto seulement à cause de l’usage qu’en fait la Russie aujourd’hui ».

A ce jour, il est établi que la plus forte impulsion en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité remonte au 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand le Brésil, l’Allemagne, l’Inde et le Japon avaient conjointement déposé leurs candidatures à un siège permanent. Une démarche qui n’a jamais plu à la Chine : ses autorités s’opposent farouchement à l’attribution d’un siège à une autre puissance d’Asie de l’Est.

Les ambitions japonaises sur la réforme du Conseil de sécurité sont soutenues par les Etats-Unis, qui militent aussi pour qu’un siège permanent soit attribué à l’Inde. A cet effet, l’on se souvient que lors d’une visite dans ce pays, l’ancien président américain, Barack Obama, avait exprimé son soutien général à une candidature de New Delhi. Mais malgré ces velléités, très peu d’initiatives ont jusqu’ici été lancées pour que ces candidatures aboutissent.

Outre son désir d’avoir un siège permanent au Conseil de sécurité, Tokyo souhaite aussi que le continent africain y soit représenté. Cette volonté maintes fois exprimée a été réitérée par le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors d’un récent sommet Japon-Afrique tenu à Tunis, en Tunisie. « Pour agir de façon efficace » et consolider la paix et la sécurité en Afrique, « il est urgent de remédier à l’injustice historique » de l’absence d’un siège permanent pour l’Afrique à l’ONU, a-t-il déclaré. Fumio Kishida a assuré que son pays va renforcer son partenariat avec l’Afrique de telle sorte que « l’an prochain, quand il sera au Conseil de sécurité avec un siège non permanent (2023 et 2024), il plaidera pour une réforme de l’ONU et l’obtention d’un siège permanent pour le continent africain ».

La réforme du Conseil de sécurité fait couler beaucoup d’encre. De l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Afrique et l’Europe, plusieurs dirigeants ont, en effet, profité de la dernière Assemblée générale de l’ONU à Washington pour souligner la nécessité « urgente » de réformer cet organe « afin de mieux refléter le monde d’aujourd’hui ». Les Etats africains revendiquent pour leur part deux sièges.

 

 

Nestor N'Gampoula
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