Colloque AUF/FME à Dakar: communication du Congolais Ulrich Kevin Kianguebeni

Mardi, Novembre 8, 2022 - 11:46

À la première journée du colloque AUF/FME qui se tient à Dakar, au Sénégal, Ulrich Kevin Kianguebeni, enseignant-chercheur à l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville, a présenté le thème " L’histoire de l’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango et les conséquences directes et visibles sur la société congolaise."

Colloque sur l'esclavage au Sénégal du 7 au 9 novembre 2022, participation de l'Enseignant-chercheur Ulrich Kevin KianguebeniDu 7 au 9 novembre, sur le campus de l’Université Cheikh-Anta-Diop à Dakar, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) organisent un colloque sur le thème « La recherche sur les esclavages dans le monde : un état des lieux ».

À cette occasion, l’enseignant-chercheur congolais, Ulrich Kevin Kianguebeni, parmi les intervenants de plusieurs spécialités scientifiques venus d’Afrique, des Amériques et d’Europe, a livré sa communication au cours d’une table-ronde suivie d’échanges avec le public.

Son propos était de communiquer sur l’histoire de l’esclavage à partir de l’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango, l’un des plus importants sites du golfe de Guinée duquel des millions d’hommes kidnappés destinés à l’esclavage ont été embarqués dans des bateaux et transportés directement pour les Amériques, sans la moindre escale intermédiaire.

Il a démontré que de ce port, avaient été entretenus des comptoirs, dépôts, dortoirs où les esclaves appartenant à diverses ethnies et venus par caravanes étaient casernés ou stockés en attendant l’arrivée des navires devant les charger et les emporter. Sa démonstration a permis de resituer Loango qui fut le site d’embarquement des esclaves et de débarquement des marchandises de peu de valeur qualifiées de pacotille (tissus, sels, liqueurs, fusils etc.) en échange des futurs esclaves.

La traite des esclaves, le pricipal commerce du royaume

De ce port, par sa position géographique, a été développée très tôt la traite des esclaves qui s’est vite avérée comme le principal commerce du royaume. Un commerce juteux qui a fait et défait des royaumes. Dans la pratique, les personnes chargées de capturer les esclaves n’étaient pas autorisées à les vendre directement aux Européens. Ils devaient passer par des courtiers nommés par le ministre du Commerce, le Ma-mfouka, dit Mafouque par les Français. Le royaume et son port d’embarquement sont devenus alors de vastes entreprises commerciales avec une puissante couche d’intermédiaires qui achetaient à des caravanes les esclaves venus de loin à l’intérieur. 

Ulrich Kevin Kianguebeni a fait remarquer que les conséquences directes et tangibles de l’esclavage sur la société congolaise sont de moins en moins visibles de nos jours. Ceci principalement par effet du temps et aussi par refus de se rappeler un passé douloureux. Mais du point de vue intangible, immatériel, on peut dire que les conséquences de la traite négrière sont incommensurables pour l’Afrique toute entière et pour le Congo. L’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango en possède toujours des marques, comme le grand marché Les trois manguiers, l’arbre pour le rituel de l’oubli et celui pour le retour, ainsi que le débarcadère, lourds témoins de cet abominable commerce. On peut aussi remarquer la présence de la stèle qui symbolise le lieu de départ des caravanes, en même temps le grand marché de toutes les transactions. Le cimetière de Loango où, jadis, furent enterrés les rois et leurs dignitaires, et de nombreuses personnalités aussi bien congolaises qu’expatriées, est un monument national.

Il a conclu sur la nécessité pour lui de faire des recherches approfondies afin d’enrichir davantage encore sa documentation en vue du classement au patrimoine mondial pour ce port d’embarquement des esclaves de Loango, inscrit sur la Liste indicative de l’Unesco. Car, estime-t-il, « il présente des spécificités et une authenticité qui expriment l’intégrité du site. C’est un lieu de rencontre des routes des esclaves de l’Angola, du Gabon, de la République démocratique du Congo et de l’intérieur du Congo Brazzaville. Ces vestiges restent et demeurent visibles jusqu’à nos jours ».

Marie Alfred Ngoma
Légendes et crédits photo : 
Participation de l'enseignant-chercheur Ulrich Kevin Kianguebeni au colloque sur l'esclavage, du 7 au 9 novembre au Sénégal
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