Combat climatique: un rapport met en lumière les faiblesses

Jeudi, Novembre 10, 2022 - 18:49

Un nouveau rapport d’ONU Climat montre que les pays infléchissent à la baisse la courbe des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais souligne que ces efforts restent insuffisants pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius d'ici à la fin du siècle.

 

 

Selon le rapport, les engagements climatiques combinés des 193 parties à l’Accord de Paris pourraient mettre le monde sur la voie d’un réchauffement d’environ 2,5 degrés Celsius d'ici à la fin du siècle. Le document, publié quelques jours avant le début de la COP 27, montre également que les engagements actuels feront augmenter les émissions de 10,6 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010. Il s'agit d'une amélioration par rapport à l'évaluation de l’année dernière, qui indiquait que les pays étaient sur la voie d’une augmentation des émissions de 13,7 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010.

L’analyse de l'année dernière montrait que les émissions projetées continueraient à augmenter au-delà de 2030. Toutefois, l'analyse de cette année argumente que si les émissions n'augmentent plus après 2030, elles n'affichent toujours pas la tendance à la baisse rapide que la science juge nécessaire pour cette décennie. Les dernières données scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies indiquent que les émissions doivent être réduites de 45 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019. Cette réduction est essentielle pour atteindre l'objectif de l'Accord de Paris, à savoir limiter l'augmentation de la température à 1,5 degré Celsius d'ici à la fin du siècle et éviter les pires conséquences du changement climatique, notamment des sécheresses, des vagues de chaleur et des précipitations plus fréquentes et plus graves.

La tendance à la baisse des émissions et l’amélioration des projections de température montrent que les nations ont fait quelques progrès cette année, a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat. Mais la science est claire, tout comme nos objectifs climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris. Nous sommes encore loin de l'ampleur et du rythme des réductions d'émissions nécessaires pour nous mettre sur la voie d'un monde à 1,5 degré Celsius. Pour maintenir cet objectif, les gouvernements nationaux doivent renforcer leurs plans d'action climatique dès maintenant et les mettre en œuvre au cours des huit prochaines années.

ONU Climat a analysé les plans d'action pour le climat, appelés « contributions déterminées au niveau national » (NDC), de 193 parties à l'Accord de Paris, y compris 24 NDC mises à jour ou nouvellement soumises après la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Glasgow (COP 26) jusqu'au 23 septembre dernier. Ensemble, ces plans couvrent 94,9 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2019. Il s’agit du deuxième rapport de ce type publié par ONU Climat, qui constitue une mise à jour essentielle du rapport de synthèse inaugural sur les NDC publié l’année dernière. Bien que les conclusions générales du rapport soient sombres, il y a des lueurs d’espoir.

La plupart des parties qui ont soumis des nouvelles NDC ou actualisées ont renforcé leur engagement à réduire ou à limiter les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2025 et/ou 2030, démontrant ainsi une ambition accrue dans la lutte contre les changements climatiques.

Un deuxième rapport d’ONU Climat concernant les stratégies de développement à faible émission à long terme, également publié, a examiné les plans des pays visant à passer à des émissions nettes nulles d'ici au milieu du siècle ou aux alentours. Le rapport indique que les émissions de gaz à effet de serre de ces pays pourraient être inférieures d'environ 68 % en 2050 par rapport à 2019, si toutes les stratégies à long terme sont pleinement mises en œuvre dans les délais.

Les stratégies à long terme actuelles (représentant 62 parties à l'Accord de Paris) représentent 83 % du produit intérieur brut mondial, 47 % de la population mondiale en 2019 et environ 69 % de la consommation totale d'énergie en 2019. Il s'agit d’un signal fort indiquant que le monde commence à viser des émissions nettes nulles. Le rapport note toutefois que de nombreux objectifs de zéro émission nette restent incertains et repoussent à plus tard des mesures essentielles qui doivent être prises maintenant. Une action climatique ambitieuse avant 2030 est nécessaire de toute urgence pour atteindre les objectifs à long terme de l'Accord de Paris.

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 27) devrait être le moment idéal de rappeler les gouvernements à revoir leurs plans climatiques et à les renforcer afin de combler l’écart entre la direction que prennent les émissions et la direction que la science indique qu'elles devraient prendre au cours de cette décennie. La COP 27 devrait être aussi le moment de rappeler à chaque pays de faire des progrès dans quatre domaines prioritaires dans la lutte pour le climat : l’atténuation, l’adaptation, les pertes et dommages et le financement.

Boris Kharl Ebaka
Légendes et crédits photo : 
L'appel du secrétaire général de l'ONU au Sommet Action Climat 2019/ Loey Felipe
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