En séjour de travail à Brazzaville, la directrice régionale de la communication de la Banque mondiale pour l'Afrique de l’Ouest et du centre, Nayé Anna Bathily, a échangé avec les responsables des médias congolais, dont notre quotidien, "Les Dépêches de Brazzaville". Dans une interview exclusive, le 10 novembre, elle a annoncé le lancement d’un programme de renforcement des capacités des journalistes économiques et l’implication des médias locaux dans le suivi des projets conjoints Congo/Banque mondiale.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B. ) : À quoi consiste le travail d’une directrice régionale de la communication de la Banque mondiale que vous êtes ?
Nayé Anna Bathily (N.A.B.) : Mon rôle est celui d’accompagner la communication, les relations extérieures, les partenariats et la gestion des risques au sein des vingt-deux pays d’Afrique de l’Ouest et du centre où intervient la Banque mondiale. L’intervention de l’institution dans ces pays représente un portefeuille d’environ 40 milliards de dollars. Cela me demande de suivre de très près la mise en œuvre de nos programmes et projets auprès des gouvernements.
Il faut une communication adéquate de ces programmes. Je dispose donc d’une équipe à Washington et une équipe dans chacun des pays concernés. Nous ne communiquons pas pour la banque, mais nous aidons les pays à accompagner la communication de leurs programmes pour une meilleure appropriation par toutes les parties prenantes. Le volet très important dans mon travail, c’est l’engagement avec les parties prenantes. Je suis venue justement à Brazzaville pour rencontrer ces parties prenantes que sont les médias, la société civile et les influenceurs qui facilitent le contact avec la population.
L.D.B. : Quelle est votre méthode de travail et la relation avec les médias ?
N.A.B.: Ma méthode de travail répond à notre nouvelle stratégie d’intervention qui place l’humain au centre de toute opération, appelée « people first ».
Cette stratégie se décline en quatre axes. Le premier vise à rétablir la confiance entre les citoyens et l’État pour un nouveau contrat social. Le deuxième est dédié à l’élimination des goulots d’étranglement pour créer plus d’emplois décents en collaboration avec le secteur privé et pour améliorer le climat des affaires. Le troisième volet, plus important, est celui de renforcer le capital humain avec un focus sur l’autonomisation des femmes. Et le quatrième axe vise à renforcer la résilience climatique ; le contexte étant marqué par la COP 27 avec une forte implication du Congo dans la recherche de solutions durables.
L.D.B. : Qu’avez-vous retenu des échanges avec les responsables du quotidien "Les Dépêches de Brazzaville" ?
N.A.B.: Je sors très encouragée, parce que nous avons eu un débat sans filtre, un débat sincère. Je me rends compte qu’il y a des défis liés à la formation. C’est dans ce cadre que nous souhaitons lancer un programme de formation des journalistes économiques, à travers toute l’Afrique de l’Ouest et du centre. Pour cela, nous allons le lancer au Congo-Brazzaville dès le début de l'année 2023.
Je vois certains défis, mais j’ai beaucoup d’espoirs avec ces journalistes engagés, libres et patriotes qui aiment l’Afrique. Je sors de cet échange très optimiste.
L.D.B. : Comment impliquer les médias locaux dans le suivi des projets de développement ?
N.A.B. : Nous allons rencontrer toutes les unités de communication des projets conjoints Congo-Banque mondiale, afin de créer des passerelles avec les journalistes. Le programme de formation que nous allons lancer va aider les professionnels à bien suivre les projets, à susciter de bonnes questions, à impacter les parties prenantes…