Originaire de la communauté autochtone Aka, dans le département de la Likouala au Congo-Brazzaville, Clément Banzoli est un jeune passionné de musique urbaine qui entend mixer tradition et modernisme pour un cocktail musical électrifiant. Découverte.
C’est dans le district d’Enyellé, dans le dé partement de la Likouala, que Clément Banzoli est né et y a grandi. En 2018, il fait partie d’un groupe de jeunes enfants autochtone invités à Brazzaville par l’organisation non gouvernementale Reiper à l’occasion de la Journée internationale de l’enfant. Au cours de ce séjour, il fait la rencontre de Ralff Lhyliann, un jeune photographe congolais qui leur servait de guide. Très vite, les deux se tissent d’amitié et ce sera le début d’une belle aventure pour Clément. « Le père Chrislain, leur accompagnateur, m’avait demandé d’être leur guide. Parmi les enfants invités à Brazzaville, il y en avait un qui n’arrêtait pas de parler de Key Kolos et cela a piqué la curiosité de Clément qui est peu à peu tombé sous le charme du rappeur et de la musique urbaine », se remémore Ralff.
Le temps est passé et les deux se revoient cette fois-ci à Enyellé. Clément va profiter de la présence de Ralff pour lui solliciter le transfert de quelques morceaux de rap dans son téléphone. A ses heures libres, le jeune garçon les écoute en boucle et s’essaie à faire des « covers », une sorte de reprise musicale, pour tester son niveau. « Puis un jour, on s’est décidé de produire ensemble le titre "Abola Bokana" que Clément a fait découvrir au Forestival, le 4 novembre dernier à l’Institut français du Congo. Pour réaliser ce son, j’avais rassemblé Clément, sa petite cousine Gisèle qui avait 7 ou 8 ans à l’époque et Philomène. Après mon départ, Clément a continué à faire du rap et à enregistrer avec des amis autochtones. Le voir sur scène m’avait beaucoup ravi, surtout au regard de son niveau musical qui a considérablement évolué », se réjouit Ralff.
Pour cette première fois devant le grand public qui, d'ailleurs, n'était pas resté indifférent à sa performance, Clément Banzoli a eu le plaisir de partager la scène avec des artistes talentueux et reconnus au plan national et international, à savoir Mariusca la slameuse, Christian Ki-Bongo le faiseur des sons, Muleck le percussionniste, Séraphin Nkounkou le pianiste. « La création "Bidilu ya zamba", en français "Les larmes de la forêt", restera pour moi une grande expérience car c’est à la fois ma première scène et ma première rencontre avec un grand public. J’ai beaucoup apprécié », a confié Clément. A travers ce spectacle, il portait la voix des autochtones concernant la menace qui pèse sur leur environnement. Selon lui, aujourd’hui, à cause de la déforestation, non seulement leurs habitations sont dévastées mais aussi certaines espèces animales semblent être en voie de disparition.
A peine la vingtaine aujourd’hui, le jeune artiste nourrit fortement le désir d’émerger dans la musique urbaine, mais avec une touche d’originalité qu’il puisera de ses origines autochtones. Une sorte de fusion tradi-moderne. « Clément a tellement de choses à nous faire découvrir à travers sa musique. Mais, le talent sans l’accompagnement dont il a besoin ne peut éclore. Je pense qu’il a besoin qu’on prenne le temps d’écouter ce qu’il a à nous dire avec ses mots d’enfant des forêts. Il a tout pour devenir un symbole de la jeunesse Aka dans le secteur de la musique », a dit Ralff Lhyliann.