Bien qu’on note diverses réformes menées et des avancées enregistrées cinquante ans depuis sa création en 1972, la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) se fixe de nouveaux défis à relever, dans le cadre de ses missions dont la principale est la conduite de la politique monétaire au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.
Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 18 novembre au siège de la direction nationale de la Banque à N’Djamena, au Tchad, le gouverneur de cette institution financière sous-régionale, Abbas Mahamat Tolli, retraçant le parcours de cette institution, a souligné les défis à relever et les enjeux de la politique monétaire pour les prochaines années.
Parmi les réformes attendues figurent, entre autres, la mise en place des politiques qui devraient permettre de réagir aux futurs chocs exogènes ; le faible taux de bancarisation ; l’incorporation des enjeux climatiques et environnementaux dans la conduite de la politique monétaire de la Banque et la digitalisation à grande échelle de l’économie en tenant compte des besoins nouveaux de la population.
S’agissant des avancées enregistrées, Abbas Mahamat Tolli a énuméré quelques-unes durant la deuxième période d’une cinquantaine d’années. Selon lui, l’évolution de la politique monétaire de la BEAC a débuté en 2016 grâce à des réformes majeures opérées.
Il s’agit, a-t-il indiqué, de l’harmonisation de la réglementation bancaire et la création d’une entité en charge du contrôle et du suivi des banques, notamment la Commission banquaire de l'Afrique centrale; la création d’un marché monétaire ; la mise en place d’instruments indirects de politique monétaire ainsi que la redéfinition de l’objectif final de ladite politique avec l’adoption des plafonds de refinancement par pays.
Une évolution ponctuée en trois périodes
« Globalement, la politique de l’Union monétaire a connu trois différentes périodes ponctuées par des évolutions remarquables », a déclaré le gouverneur de la BEAC, indiquant que la première, soit de 1972 à 1990, était consacrée par différents marqueurs.
Cette première période, a-t-il précisé, a été celle de la mise en place des statuts de la Banque, conformément aux objectifs prioritaires qu’elle s’était assignés, à savoir le soutien à l’activité économique des Etats membres.
La deuxième, qui remonte de 1990 à 2016, est celle des grandes réformes portant harmonisation de la réglementation bancaire. Quant à la troisième période, en vigueur depuis 2016 à ce jour, elle porte sur la révision du cadre juridique et des organes de gouvernance de la politique monétaire réaménagés ainsi qu’au fonctionnement des organes de gouvernance de la politique monétaire qui s’est fortement améliorée à travers le renforcement du processus et la transparence de la prise de décisions.
« L’ancrage théorique sur lequel est bâti notre politique monétaire a été affiné. Les outils analytiques nécessaires à la conduite de cette politique ont été modernisés et le dispositif de communication de l’institution enrichi », s’est félicité Abbas Mahamat Tolli.
Toutefois, a-t-il renchéri, au plan opérationnel, le marché monétaire a été structuré en quatre composantes et les objectifs nationaux de refinancement ont été abondants au profit du taux d’intérêt moyen pondéré.
« Le volume des interventions de la BEAC est désormais fixé sur la base des prévisions hebdomadaires des facteurs autonomes de la liquidité bancaire », a ajouté le gouverneur.