La Fondation Brazzaville a conclu sa mission à la COP27 en invitant des représentants d’organisations de jeunesse africaines à débattre sur le thème "Solutions africaines pour le climat".
L'initiative a été prise par la Fondation Brazzaville à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 17 novembre, sur le pavillon de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui avait opportunément ouvert un espace jeunesse durant toute la COP.
Aux dernières heures de l'événement, alors que les négociateurs africains tentaient de faire entendre leurs voix sur le déblocage des 100 milliards de dollars promis lors de la COP15, à Copenhague, et qu’ils poursuivaient les discussions sur la question des pertes et dommages qui figurait pour la première fois à l'ordre du jour de la COP, c’est un débat passionné qui a été ouvert par la Fondation Brazzaville, dans l’espace jeunesse du pavillon de l’OIF, autour d’une proposition essentielle pour accélérer l’émergence des économies africaines : appeler les jeunes à trouver des solutions africaines pour le climat. « Cela va dans le sens des solutions que nous voulons mettre en place » a confirmé Marie, présidente d’une organisation écologiste basée au Cameroun.
Une trentaine de dirigeants d’organisations de jeunesse a participé à cette rencontre de manière engagée, passionnée et pertinente. « Il faut faire confiance à la jeunesse pour être concret », a déclaré Gildas, un doctorant spécialiste en gestion des données, qui a déploré le manque de suivi de diverses consultations ayant déjà impliqué les jeunes depuis plusieurs années, recommandant à la Fondation d’user de son savoir-faire pour remobiliser les réseaux de jeunesse africains.
Déjà, lors de la PréCOP27 à Kinshasa, début octobre, la Fondation avait lancé une première enquête pour comprendre comment l’Afrique répond aux enjeux que lui pose le changement climatique, et comment elle contribue, également, aux défis posés par la transition climatique au niveau planétaire. Cette première consultation a confirmé la nécessité de changer de discours sur les capacités africaines, en reconnaissant que si les pays du continent sont parmi les moins pollueurs, ils sont aussi, par leurs ressources naturelles, les mieux placés pour répondre aux enjeux climatiques. Mais il semble que les pays non africains soient toujours bloqués par des schémas mentaux obsolètes concernant le capital naturel et humain de l’Afrique.
Pour Mahamat, coordinateur d’une organisation non gouvernementale promouvant les droits de l’enfant au Tchad, cela procède du fait que l’Afrique continue à être insuffisamment impliquée dans les processus de décision multilatéraux. Un jeune scientifique congolais va plus loin : « Les pays pollueurs n’écoutent pas les suggestions des scientifiques africains », s’étonnant d’une forme de mépris pour les solutions apportées par le monde académique : « Même au sein du GIEC, nous cherchons les voix africaines ».
Makia, entrepreneuse guinéenne élue Miss jungle pour avoir trouvé des solutions pour la reforestation, déplore que les projets qui réussissent ne soient pas mieux soutenus, une bataille permanente étant ouverte afin de trouver les moyens pour agir.
Appelé à conclure le débat, le directeur général de la Fondation, Richard Amalvy, a soutenu l’idée apportée par Albert, un universitaire congolais, d’imposer un changement de paradigme en relayant le message et l’image d’une Afrique de la réussite qui refuse le statut de victime et d’éternelle assistée.
Les ressorts du développement endogène requièrent un temps long pour produire leurs effets. Ils sont les plus à même de créer un impact pérenne et définitif. Le directeur général a invité les participants à contribuer « au renforcement de la méthode de la Fondation Brazzaville, ayant pour base la primauté de la compétence africaine » en indiquant que son président, Jean-Yves Ollivier, souhaite ardemment convier la jeunesse africaine à une série de « forum des solutions » dans le cadre des initiatives coordonnées par la Fondation sur les questions climatiques et celles liées à la santé publique.
Dans l’immédiat, la Fondation va conclure la consultation menée durant la COP27 qui visait à approfondir l’enquête conduite durant la PréCOP. Des résultats concrets seront partagés d’ici à la fin de l’année avec tous ceux qui ont la capacité d’agir d’un point de vue politique, sociétal, économique et scientifique au niveau du continent. Les participants se sont séparés avec une certitude : il faut d’ores et déjà préparer la COP28 qui se tiendra à Dubaï.