Face à l'urgence climatique, trois pays possédant plus de la moitié des forêts tropicales primaires sur terre, le Brésil, l'Indonésie et la République démocratique du Congo (RDC), sont en pourparlers pour former une alliance stratégique afin d'assurer la conservation.
En 1960 se formait l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), une organisation intergouvernementale créée afin que les principaux pays exportateurs de pétrole puissent contrôler et réguler son cours et non plus subir les tarifs qui étaient jusqu'alors décidés par les compagnies pétrolières. Aujourd'hui, et dans un esprit relativement similaire, pourrait très bientôt se former une sorte “ d'Opep des forêts tropicales".
Le Brésil s'est engagé à lutter contre la déforestation en Amazonie, avec pour objectif une "déforestation zéro". Et depuis son élection, le président Lula s'efforce de tenir sa promesse. C'est en ce sens que le Brésil, l'Indonésie et la RDC, trois pays qui possèdent à eux trois 52% des forêts tropicales primaires du monde, souhaitent former une alliance stratégique de type "Opep des forêts tropicales". Et pour cause, la protection de ces terres est cruciale pour éviter, ou du moins limiter, la catastrophe climatique. Les trois pays, qui abritent l'Amazonie, le bassin du Congo ainsi que les forêts de Bornéo et de Sumatra qui sont menacées par l'exploitation forestière commerciale, minière et illégale, ont signé un accord lors de la COP 26 à Glasgow pour arrêter et inverser la déforestation d'ici à 2030, rapporte le "Guardian". Avant d'être élu, Lula avait déclaré que toute alliance pourrait être étendue à d'autres pays de la forêt tropicale.
Respecter les peuples autochtones et les communautés locales
Pour Oscar Soria, directeur de campagne du site Avaaz, cet accord pourrait être fructueux à une condition : " Que les peuples autochtones et les communautés locales soient pleinement consultés dans le processus et que leurs droits et leur leadership soient respectés". Ajoutant que "ces trois écosystèmes sont essentiels à la stabilité écologique du monde, mais que la solution pour que ces forêts prospèrent repose sur les personnes qui y vivent". De leur côté, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat "ont clairement indiqué dans un rapport récent le besoin urgent de reconnaître les droits des peuples autochtones et de soutenir l'adaptation des écosystèmes", a déclaré Joseph Itongwa Mukumo, un autochtone Walikale de la province du Nord-Kivu? en RDC.
En attendant, le président Lula travaille avec l'Indonésie et la RDC pour protéger toutes les forêts tropicales de la planète. La mise en œuvre d'un tel projet pourrait non seulement empêcher la forêt amazonienne d'atteindre le point de basculement que tous les scientifiques redoutent, mais aussi éliminer plus d'un milliard de tonnes de CO2 dans l'atmosphère pendant plusieurs décennies.