Avec Robby designs, rien ne se perd, tout se transforme. La marque artisanale se veut une fabrique de chefs-d'œuvre à partir des déchets. Rencontre avec Roberte Mouandzo Bana, une créatrice hors-pair et le cerveau derrière cette marque.
Après avoir étudié les sciences-politiques et le design d’intérieur aux Etats-Unis, Roberte Davina Mouandzo, née Bana Balima, est de retour à son Congo natal avec une soif d’être embauchée dans une structure de la place. Elle toque à gauche, à droite ; cumule des entretiens, mais en vain ! Puisque la nature a horreur du vide, la Congolaise de 32 ans décide de se lancer dans un premier temps en coiffure en 2011. « Je vais vous partager une histoire », nous dit-elle avant de poursuivre, « au collège, un jour j'ai demandé à ma tante de me faire des tresses sans quoi je pouvais être punie à l'école et elle m’a dit, pour me faire des tresses, je devais la payer. N'ayant pas de sous, cela m’avait révolté au point d'aller me mettre devant un miroir pour débrouiller une coiffure présentable. Et au fil du temps, je me suis perfectionnée ».
Pourtant de la coiffure, elle va basculer, en 2016, vers sa passion d’enfance, la décoration. « Cette aventure a commencé de façon hasardeuse vu la difficulté à trouver un emploi. Mais, au-delà de pratiquer cet art pour se faire des sous, la décoration c’est une réelle et profonde passion », avoue-t-elle. Formée en autodidacte, Roberte Mouandzo met son savoir-faire au service d’une vision très personnelle de l’artisanat et de la customisation, vectrice, en même temps, d’un message fort sur l’environnement, et la possible transformation de tout objet banal en joyau. « Je voulais avoir une touche personnelle en m’inspirant de la nature et arriver là où peu de gens oseraient. C’est alors que les bacs à ordures sont devenus mes puits pour dénicher des pépites auxquelles je donne une seconde vie. Les bouteilles en plastique, par exemple, au lieu que cela pollue l’environnement, il est mieux de les récupérer et les utiliser autrement », a-t-elle fait savoir.
Ses différentes créations sont, en effet, le résultat de cuillères en plastique peintes et assemblées pour le cas des pots de fleurs et des murales. Tantôt ce sont des bouteilles en plastique ou en verre qu’elle récupère et oint de peinture pour en faire des objets de décoration. Avec une inspiration fertile, Roberte ne s’arrête pas là. Elle use également des tiges d’allumettes pour réaliser des pots de fleurs ou encore des tiges de porc-et-pic pour accessoiriser des murales, voire des cartons de poisson salé qu’elle protège pour ensuite habiller avec du pagne et faire des sacs à main, ainsi que des perles avec lesquelles elle accessoirise des babouches. De quoi ovationner l’artiste ! Et de rajouter, le Congo a du talent.
D’une porte qui s’est fermée, une autre s’est ouverte depuis pour Roberte qui, outre de s’essayer en politique comme ce fut le cas en 2017 lors des élections locales, continue de vivre son rêve d’artisane et de décoratrice. « Je fais la décoration intérieure et événementielle, notamment des maisons, des salles de conférence, des mariages, des anniversaires. Et dans tout ce que je fais, j’essaie d’allier tradition et modernité. Mais, quand il s’agit d’une commande spéciale, je me plie aux exigences de la clientèle », a-t-elle expliqué, le sourire aux lèvres.
Pour arriver à ses impressionnantes créations, Roberte fait quelque fois face à un nombre d’obstacles, au premier rang desquels la soif de se surpasser et de parvenir continuellement à de la nouveauté, ou encore la collection de certains matériaux. Dotée cependant d’une remarquable capacité de résilience, l’artiste congolaise trouve toujours un moyen de sublimer ce qui lui tombe entre les mains, même si ce n’est pas ce qu’elle voulait avant tout pour sa création.
Aujourd’hui, à défaut d’avoir un local, Roberte Davina Mouandzo Bana écoule sa marchandise via les réseaux sociaux et le marketing ambulant. Par ailleurs, elle forme également d’autres jeunes comme elle afin de les encourager à entreprendre en valorisant leurs talents. Un vrai bonheur qu’elle croque à pleine-dent outre ses tâches d’épouse et de mère d’un petit garçon.