La simple bourgade propulsée sous les projecteurs grâce à son célèbre poste frontalier totalement modernisé détient depuis peu le statut de ville. Kasumbalesa se situe plus précisément à Sakania, un territoire haut-katangais qui partage environ 600 km de frontière avec la République de la Zambie. Des files de camions s’étendent sur des kilomètres dans la deuxième porte d’entrée de la République démocratique du Congo (RDC).
Si Matadi continue à être considérée comme la première porte d’entrée du pays, Kasumbalesa n’a rien à envier à la ville portuaire. Située à plus de 90 km de Lubumbashi, l’ancienne cité a changé de statut pour devenir une ville, la troisième en importance dans la riche province cuprifère. Par ailleurs, elle est également la deuxième porte d’entrée des marchandises sur toute l’étendue du territoire national. Il s’agit même de la plaque tournante des activités douanières entre la RDC et la Zambie. Au départ, le chemin de fer géré par la Société nationale de chemin de fer du Congo a joué un rôle éminemment stratégique dans la consolidation des transactions commerciales. Situé dans une zone appelée « la botte du pays », une position avantageuse sur le plan géographique, le territoire de Sakania est traversé par cette voie ferrée qui permet des connections avec des pays voisins, voire d’autres continents comme l’Asie. Des marchandises destinées à l’ex-Katanga et même à d’autres provinces de l’espace Grand Kasaï passent quotidiennement par ce corridor. De même, il y a aussi les exportations congolaises qui transitent par le même poste frontalier.
Au fil des années, le trafic routier, bien plus spectaculaire sur la nationale, semble bien avoir pris le relais sur le terrain. La modernisation du poste frontalier et son jumelage avec la cité de Musoshi, en 2013, a contribué énormément à son explosion. Le parking érigé au poste frontalier peut contenir jusqu’à 1 500 camions de marchandises mais bien plus traversent quotidiennement la frontière dans les deux sens. La douane s’est dotée, grâce à l’implication des politiques, de l’un des postes les plus modernes du pays. Des équipements de haute portée technologique permettent à l’opérateur public de surveiller toutes les opérations sur le site. La tour de contrôle opérant au dernier étage permet, en plus d’offrir une vue plongeante sur l’ensemble du poste frontalier, de visualiser différents points stratégiques grâce à des caméras de surveillance installées à différentes positions clefs. Par ailleurs, il y a aussi le grand scanner qui permet de contrôler rigoureusement le contenu des marchandises qui quittent le territoire national. Si le transporteur routier récalcitrant arrive à échapper à la vigilance des premiers contrôleurs douaniers, il est pris en charge rapidement par un scanner mobile plus loin, juste à quelques mètres. Cette fois, les douaniers contrôlent à fois la cabine du chauffeur et la remorque.
Aujourd’hui, la ville représente un centre névralgique, mieux une charnière cruciale entre les deux pays. Certes, Kasumbalesa constitue un haut lieu des échanges douaniers entre la RDC et la Zambie. Mais cette présentation ne reflète pas non plus l’explosion démographique et urbaine de la ville. Pour les observateurs, il n’y a jamais eu une telle effervescence humaine de chaque côté de la frontière. Des milliers de camions zambiens passent la frontière quotidiennement avec des marchandises diversifiées. Des véritables marchés naissent : engins de grands travaux, pièces de rechanges, fruits, produits agricoles, produits manufacturés, etc. Et, au cœur de la ville, des maisons modernes poussent comme des champignons.