Australie : les personnes d’ascendance africaine font face au racisme

Mercredi, Décembre 28, 2022 - 12:30

Les Africains et les personnes d’ascendance africaine sont exposés à “des formes multiples de discrimination raciale, de xénophobie et de racisme systémique dans toutes les sphères de l’Australie, majoritairement [blanche]”, ont fustigé des experts indépendants des Nations Unies.

Au terme d’une visite de dix jours en Australie, le groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine a exprimé sa vive inquiétude quant au fait que, dans un pays multiculturel qui professe une identité nationale inclusive, « les personnes d’ascendance africaine sont confrontées au profilage racial ». Elles sont également victimes « d’insultes raciales, d’abus d’autorité, d’intervention policière excessive, de sous-protection, de ciblage et de violence ». Dirigé par Catherine Namakula,  le groupe a entendu des préoccupations concernant les discours de haine raciste et l’utilisation de stéréotypes raciaux négatifs par certains politiciens et les médias. “ Des recherches documentant l’expérience des jeunes dans les écoles montrent que de nombreux Australiens africains sont exposés à des brimades racistes sans possibilité de recours”, ont déclaré les experts.

Un nombre disproportionné de personnes classées dans la catégorie de non-citoyens illégaux

A ce sujet,  les experts ont fait état  “de taux élevés d’incarcération, de détention indéfinie, de problèmes de santé mentale et de suicide des réfugiés sud-soudanais en Australie », notant un « racisme sévère et omniprésent » qui ont eu un impact sur leur sentiment d’appartenance et leurs opportunités. Par ailleurs, les experts ont recueilli des témoignages sur « les approches racialisées du gouvernement et de la société australienne » concernant les restrictions Covid-19. Selon le groupe de travail, celles-ci ont clarifié la réalité des personnes d’ascendance africaine comme étant « toujours en état de siège ». « Un nombre disproportionné de personnes d’ascendance africaine ont été classées dans la catégorie des non-citoyens illégaux et bannies indéfiniment de la population australienne dans des centres de détention offshore et intérieurs », ont-ils fait valoir.

Les séquelles d’une politique d’immigration « de l’Australie blanche » et « une culture de déni de cette réalité racialisée »

La santé mentale des enfants, des hommes et des femmes d’origine africaine est une préoccupation urgente qui nécessite des soins adaptés à la culture et tenant compte des traumatismes, ainsi que des approches préventives et non carcérales. Les experts appellent à la dépénalisation tous les enfants en « détention »  et à les rendre à leur famille et à leur communauté afin de passer à une approche centrée sur la santé publique qui s’attaque aux causes sous-jacentes de la délinquance juvénile. Les expériences des personnes d’ascendance africaine continuent d’être affectées par le passé colonial du pays, par une politique d’immigration de l’Australie blanche, qui a été abandonnée en 1973, et par son héritage, toujours enduré par les peuples des Premières nations, y compris les Aborigènes, les insulaires du détroit de Torres et les insulaires des mers du Sud, soulignent les experts. Dans ces conditions, les personnes d’ascendance africaine sont confrontées à « une culture de déni de cette réalité racialisée ». Et les « séquelles » de cette situation se manifestent par une « altération omniprésente dans les espaces publics et un désavantage bien ancré ».

Le groupe de travail présentera, en septembre 2023 à Genève en Suisse, un rapport sur ses conclusions et recommandations au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

 

Noël Ndong
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