Rétrospective: l'année 2022 en quelques événements marquants dans le monde

Jeudi, Décembre 29, 2022 - 16:15

Conflit en Europe, contestation en Iran, espoirs de paix en Ethiopie… Quelques événements marquants de l'année 2022 dans le monde.

Guerre en Ukraine

Le 24 février, Vladimir Poutine entre en guerre contre l'Ukraine, plongeant le monde dans une crise inédite depuis la fin de la Guerre froide. Face aux pays de l’Otan qui affichent leur soutien à l’Ukraine, le président russe agite le spectre de l’arme. La guerre entraîne le plus important afflux de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et coûte la vie à des milliers de soldats et de civils. Les Occidentaux infligent à la Russie des sanctions économiques, durcies au fil du temps, tout en livrant des armes à l'Ukraine qui obtient aussi le statut de candidat à l'Union européenne (UE).

Les troupes russes renoncent au début de l'invasion à encercler la capitale, Kiev, où le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, incarne la résistance du pays, s'adressant quotidiennement aux dirigeants mondiaux pour réclamer leur soutien.

La guerre fait aussi planer la menace d’une crise alimentaire mondiale, en raison du blocus maritime imposé par la Russie en mer Noire. Un accord conclu en juillet permet à l’Ukraine de progressivement recommencer à exporter son abondante production de céréales.

Une inflation tirée par la crise énergétique

La flambée des prix, amorcée en 2021 par la désorganisation des chaînes de distribution combinée à la forte demande de produits et services essentiels au redémarrage des économies après le covid, accélère en 2022. L'inflation atteint 10,1% en novembre dans la zone euro. 8% au quatrième trimestre dans les pays du G20, grevant la croissance dans le monde en faisant monter les coûts de production des entreprises. Elle est alimentée par la guerre en Ukraine qui plonge l’Europe dans une profonde crise énergétique. "L'économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970", souligne l'Organisation de coopération et de développement économiques. La guerre fait également monter les cours des céréales, et par ricochet la nourriture du bétail. 

En raison des restrictions sanitaires liées au covid-19, les  pénuries de puces électroniques, fabriquées majoritairement à Taïwan, ralentissent aussi de nombreux secteurs. Pour maîtriser l'inflation, la Banque centrale américaine relève ses taux directeurs depuis mars, atteignant désormais son niveau le plus élevé depuis 2007, la Banque centrale européenne lui emboîtant le pas.

Evénements climatiques extrêmes

L'année 2022 voit se multiplier les catastrophes liées au réchauffement climatique. L'été est le plus chaud jamais enregistré en Europe, provoquant sécheresse et incendies (plus de 660 000 hectares de forêts brûlés de janvier à la mi-août dans l'UE). Au moins 15 000 décès sont directement liés à cette chaleur sur le vieux continent, selon l'Organisation mondiale de la santé. 

La Chine bat également des records de chaleur en août et la sécheresse menace de famine la Corne de l'Afrique. Incendies et déforestation atteignent de nouveaux records en Amazonie brésilienne. Au Pakistan, des inondations historiques liées à une mousson hors norme tuent plus de 1 700 personnes et déplacent huit millions de personnes alors qu'un tiers du pays est sous l'eau.

Si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s'alarme l'Organisation météorologique mondiale. 

Après des négociations difficiles, la conférence de l'Organisation des Nations unies sur le climat (COP27) se termine le 20 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte, avec un compromis sur l'aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique, mais aussi sur un échec à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre.

Mi-décembre, plus de 190 Etats adoptent un accord historique à Montréal pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources. L'accord prévoit une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d'ici 2030.

Révolte anti-voile en Iran

Le 16 septembre, Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décède à l'hôpital, trois jours après son arrestation par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant aux femmes le port du voile en public. Sa mort déclenche une vague de manifestations à travers l'Iran, sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Les jeunes femmes sont à l'avant-garde de la contestation, certaines retirant et brûlant leur foulard en défiant les autorités sur des vidéos. 

Les manifestations pour la liberté des femmes se transforment en un mouvement plus large dirigé contre le régime islamique, gagnant les rues, les universités et les écoles, malgré la répression. 

Début décembre, le pouvoir fait un geste envers les manifestants, en annonçant la dissolution de la police des mœurs. Mais dans la foulée, l'Iran exécute par pendaison deux jeunes hommes condamnés en lien avec les manifestations.

Chine : sacre de Xi Jinping et contestation du "zéro covid"

Le président chinois, Xi Jinping, est reconduit en octobre à la tête du Parti communiste, à l'occasion du 20e congrès du PCC, s'entourant de fidèles alliés pour devenir le dirigeant le plus puissant de la Chine moderne. Il s'observe une rivalité exacerbée avec les Etats-Unis. Les tensions dans le détroit de Taïwan atteignent leur plus haut niveau depuis des années, à la suite de la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi, début août dans l'île autonome. La Chine procède en représailles à des manœuvres militaires terrestres et maritimes sans précédent depuis le milieu des années 1990. 

La stratégie "zéro covid" du pays, entraînant des confinements de quartiers ou villes entières dès l'apparition de foyers, déclenche fin novembre des manifestations d'une ampleur inédite depuis des décennies. Les autorités décrètent en décembre un allègement général des règles sanitaires pour apaiser la colère populaire et redresser une économie chancelante. Fin décembre, la Chine annonce qu'elle mettra fin, le 8 janvier, aux quarantaines obligatoires à l'arrivée dans le pays, dernier vestige de sa stricte politique sanitaire du "zéro covid".

Destins contrastés de l'extrême droite

Après quatre années au pouvoir, le président d'extrême droite du Brésil, Jair Bolsonaro, est battu de justesse par l'icône de la gauche, Luiz Inácio Lula da Silva, à l'élection présidentielle du 30 octobre, au terme d'une campagne délétère. Lula, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectuera officiellement son retour au sommet de l'Etat brésilien le 1er janvier 2023. Son succès semble consacrer le retour en puissance de la gauche en Amérique latine.

En Europe, en revanche, les ultra-conservateurs engrangent des succès retentissants aux élections législatives dans plusieurs pays, à commencer en avril par la quatrième victoire d'affilée du parti du dirigeant nationaliste hongrois, Viktor Orban.

En France, le Rassemblement national (extrême droite) de Marine Le Pen réalise une percée historique en juin, devenant le premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale, où le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, perd la majorité absolue.

Le parti nationaliste et anti-immigration, les Démocrates de Suède est le grand gagnant des élections de septembre, devenant la deuxième force politique du pays.

En Italie, Giorgia Meloni remporte une victoire historique en septembre avec son parti post-fasciste Fratelli d'Italia, et est nommée en octobre chef de gouvernement.

Espoir de paix en Ethiopie

Après deux ans de conflit, le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles de la région du Tigré (Nord) signent, le 2 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud, un accord de cessation des hostilités, censé mettre fin à une guerre décrite par des organisations non gouvernementales comme l'une des plus meurtrières au monde. Après cinq mois de trêve, les combats avaient repris fin août.

Le conflit opposant depuis novembre 2020 l'Ethiopie, appuyée notamment par des forces de l'Erythrée voisine, aux autorités rebelles du Tigré a été marqué par de possibles crimes contre l'humanité commis par toutes les parties selon l'Organisation des Nations unies. Il a déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens. 

Outre un désarmement des rebelles, l'accord de paix doit notamment permettre l'acheminement d'aide humanitaire au Tigré, quasiment coupé du monde et dont les six millions d'habitants sont privés de nourriture et de médicaments depuis plus d'un an. 

Le premier convoi d'aide depuis fin août arrive le 16 novembre.

Le Qatar hôte critiqué du Mondial 2022 par les Occidentaux

L'organisation du Mondial 2022 au Qatar, du 20 novembre au 18 décembre, entraîne un déluge de critiques sur le petit Etat du Golfe. Le premier pays arabe à organiser l'événement est mis en cause par les Occidentaux à propos du traitement des travailleurs étrangers, des femmes, de la climatisation de ses stades à l'heure du réchauffement climatique…

Le sort des travailleurs migrants - rouages essentiels d'un pays où les Qataris ne représentent que 10% d'une population de trois millions d'habitants - est pointé du doigt. Certains médias avancent le chiffre de milliers de morts sur les chantiers, bilan que Doha dément. Une eurodéputée grecque, qui détenait à son domicile bruxellois des sacs de billets de banque, est mise en cause dans un retentissant scandale de corruption impliquant le Qatar.

Le 18 décembre, après 36 ans d'attente, 120 minutes et une séance de tirs au but, l'Argentine décroche sa troisième étoile face à la France, tenante du titre.

L'année 2022 ou la menace d'apocalypse

C'est début octobre, au moment où le conflit en Ukraine s'enlise, que le président américain, Joe Biden, à la tête du seul pays ayant utilisé l'arme atomique en temps de guerre, évoque le risque d'une "apocalypse" nucléaire. Il réagissait aux menaces du président russe, Vladimir Poutine, d'utiliser l'arme fatale en Ukraine dont l'invasion le 24 février aura bouleversé l'ordre géopolitique et la stabilité mondiale. D'aucuns évoquent la mémoire de la Deuxième Guerre mondiale et craignent même une troisième. Le risque d'une catastrophe est également dans tous les esprits au moment où la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, la plus grande d'Europe, est dangereusement la cible de tirs. 

"Qui que ce soit, arrêtez cette folie!", exhorte mi-novembre le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi, au moment où Russes et Ukrainiens s'accusent mutuellement d'être responsables des tirs.

Dans un rapport annuel, la Global Challenges Foundation, un centre de recherche suédois, estime que le risque d'un recours à l'arme nucléaire n'a jamais été aussi fort que depuis 1945 lorsque les Etats-Unis bombardaient Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Toute éventuelle frappe nucléaire russe concernerait sans doute une petite arme "tactique" mais les experts redoutent l'escalade.

Dans ce contexte d'anxiété généralisée et d'un monde déjà à cran après l'épidémie de covid-19 et la flambée de l'inflation, la planète a dépassé en 2022 le seuil des 8 milliards d'habitants. Et elle est menacée d'une catastrophe d'un autre type: celle du réchauffement de la Terre.

Pour autant, tout n'a pas été pour le pire cette année alors que des campagnes de vaccination massives ont permis de, peut-être, tourner la page de l'épidémie de covid-19, l'Organisation mondiale de la santé estimant récemment qu'au moins 90% de la population mondiale présente une forme d'immunité.

L'un des plus ardents critiques du pessimisme ambiant, Steven Pinker, de l'université Harvard, relève que, globalement, la violence a drastiquement diminué dans le monde au cours des temps modernes.

Et, dans l'un des derniers grands événements mondiaux de l'année, la COP15 de Montréal sur la biodiversité a accouché le 19 décembre d'un accord sans précédent sur la sauvegarde de la nature.

Après une année de désastres climatiques, beaucoup reste à faire

Inondations, sécheresses, vagues de chaleur : l'année 2022 a illustré les ravages du changement climatique ainsi que les efforts immenses qui restent à accomplir pour espérer le garder sous contrôle. Elle reste parmi les années les plus chaudes sur le globe, avec tous les phénomènes qui vont avec les températures plus élevées : vagues de chaleur, pluies intenses, inondations et sécheresse.

Sur le front politique, ce constat accablant a servi de toile de fond à la COP27 sur le climat au mois de novembre en Egypte, dont les résultats ont été mitigés, laissant beaucoup de points à régler d'ici à la prochaine édition dans un an.

La grande conférence internationale a acté le principe de la création d'un fonds financier spécifique pour la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subi par les pays les plus pauvres, qui doit maintenant être mis sur les rails. En revanche, aucune nouvelle ambition n'a été actée pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre et seule une trentaine de pays a relevé ses ambitions cette année.

La COP28, qui se tiendra dans un an à Dubaï, sera la prochaine étape vitale pour rehausser les ambitions sur la réduction des gaz à effet de serre. Elle sera aussi l'occasion de publier un bilan mondial très attendu pour faire le point sur les engagements des pays à tenir les objectifs de l'accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et si possible à 1,5 °C. Une limite difficile à atteindre, les trajectoires actuelles tendant vers un réchauffement bien plus prononcé.

Mais le climat s'invitera aussi aux réunions de printemps et surtout d'automne de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, la dernière COP ayant débouché sur une demande formelle de regarder le système financier international et de revoir le rôle des institutions financières internationales. Entre ces deux rendez-vous, Paris devrait accueillir un sommet pour "un nouveau pacte financier" avec les pays vulnérables, a annoncé le président français, Emmanuel Macron, qui veut faire cause commune avec Mia Mottley, Première ministre de la Barbade.

La géopolitique impose son tempo au marché des céréales

L'année 2022 a vu le marché mondial des céréales entrer dans une ère d'incertitudes, bouleversé par une guerre sur le sol européen qui a mis en lumière la fragilité des systèmes alimentaires.

Cette année des extrêmes est considérée hors norme pour les analystes du marché qui s'attendent pour 2023 au maintien d'une forte volatilité et à des prix potentiellement soutenus par le retour aux achats de la Chine, qui lève ses restrictions sanitaires.

En 2022, les prix du blé - et donc du pain - ont fluctué dans le contexte déjà tendu de la reprise post-covid qui avait déjà enflammé les prix de l'énergie et des engrais. La guerre en Ukraine, super-puissance agricole, à elle seule, a mis en péril plus d'un quart du commerce mondial des céréales et mis en lumière la fragilité du système alimentaire mondial. 

Le scénario du pire, avec ses "ouragans de famine" redoutés par l'Organisation des Nations unies, a cependant été évité en 2022 mais la facture mondiale des importations alimentaires devrait bondir de 10% en 2023 selon la FAO. Les pays fragiles, au premier rang desquels l'Afrique sub-saharienne, "paieront plus pour avoir moins", alerte l'agence onusienne.

 

 

 

 

 

Julia Ndeko avec AFP
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