Le secteur de l’imprimerie au Congo est durement impacté par la flambée du prix du papier sur le marché international. Cette hausse des coûts des importations des rouleaux a conduit les imprimeurs à augmenter leurs factures de tirage des journaux et ouvrages. De nombreuses voix s’élèvent parmi les éditeurs pour solliciter du gouvernement des exonérations des droits de douane sur les papiers.
Les imprimeurs nationaux sont confrontés à la fois à l’augmentation du prix du papier et à des difficultés d’approvisionnement en bobines. En plus des prix galopants de la matière première, ils peinent à obtenir des commandes auprès des gros fournisseurs à l’étranger. L’essentiel des importations congolaises de papiers provient principalement de l’Europe et de la République démocratique du Congo(RDC).
Les stocks sont souvent insuffisants pour satisfaire la demande des clients, malgré les précautions prises par les patrons des imprimeries. À l’instar d’autres éditeurs installés à Brazzaville (une dizaine environ), l’Imprimerie nouvelle du Congo est presque en rupture de stocks, alors que d’habitude elle faisait des stocks de papier pour une année entière. Depuis plusieurs semaines, cet industriel imprime avec du papier bond offset très coûteux par rapport au papier journal, a confié Léon Junior Moranga, le directeur commercial de l’Imprimerie nouvelle du Congo.
Face aux livraisons de papiers qui deviennent de moins en moins disponibles, les imprimeurs congolais tentent le tout pour le tout afin de sauver leurs activités. C’est le cas de l’Imprimerie Ayessa qui s’est engagée à diversifier ses fournisseurs. « On s’arrange à avoir un stock disponible pour des commandes urgentes. Et pour ne pas être en rupture de stock, on a tissé de partenariat avec les fournisseurs un peu partout, notamment à Kinshasa, en RDC. S’il n'y a plus de papiers, on considère que la société est fermée », témoigne Daniel Ilonga, le responsable technique de l’Imprimerie Ayessa.
Sauver la presse congolaise en souffrance
Les nombreuses tentatives des éditeurs n’ont pas permis jusqu’alors de juguler la pénurie de papiers et de baisser les coûts de tirage de journaux. Pour Léon Junior Moranga, seule l’intervention de l’État peut aider à relancer l’industrie de l’imprimerie et sauver la presse congolaise en souffrance. « Il faut que l’État puisse exonérer les importations de papiers, comme il l’a fait pour les produits alimentaires. Ces allégements fiscalo-douaniers vont nous permettre de continuer à importer des bobines, afin que les journaux continuent de paraître », a lancé ce dirigeant.
En effet, les journaux locaux sont les principales victimes de la crise de papier journal observée depuis plus deux ans. Si certains titres comme le quotidien Les Dépêches de Brazzavillle sont imprimés avec du papier offset (blanc) à volume réduit, d’autres, par contre, ont cessé purement et simplement de paraître. Cette crise de papier journal vient aggraver le sort des journaux congolais déjà affaiblis par la baisse des ventes et la rareté des annonceurs.
Sur le marché international, le prix du papier est loin de s’améliorer depuis la forte hausse enregistrée à partir de janvier 2021 suite à la pandémie de covid-19. L’augmentation du prix a provoqué, d’après les experts, la hausse considérable du prix des matières premières (bois de pin, bouleau, épicéa), conjuguée à une raréfaction du papier recyclé et à un prix de l’énergie très haut. En Europe, par exemple, beaucoup d’usines ont fermé et d’autres choisissent de mettre certaines machines à l’arrêt, plutôt que de les faire tourner à perte. En ce début 2023, les prix des imprimés vont augmenter de 4 % à 10 %.