Que retenir de l’année 2022 qui s’est achevée sur les approches de coopération internationale de l’Afrique dans un contexte marqué principalement par les situations sécuritaires en Afrique, le dérèglement climatique, le ralentissement de l’économie mondiale imputable aux conséquences de la guerre russo-ukrainienne et les effets de la covid-19 ?
Malgré la conjoncture difficile, en 2022 l’originalité de la relation internationale de l’Afrique a été dominée par la politique de partenariat tournée vers la coopération régionale et la coopération Nord-sud sur les volets économique, environnemental et sécuritaire. On ne le dit pas assez, dans l’objectif de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l’agenda 2030 des Nations unies. Ces partenariats se sont également inscrits dans le cadre des dialogues formels comme les sommets et forums qui sont parfois passés inaperçus alors que les enjeux qu’ils présentaient redessinent les cartes de l’Afrique sur l’échiquier mondial.
Ces relations internationales se sont déclinées en trois dimensions : diplomatie traditionnelle, économique et l’émergence de la diplomatie d’entreprise toutes marquées par de nouvelles approches de coopération donnant lieu à un changement de paradigme dans les relations de travail avec la volonté de construire des partenariats gagnant -gagnant, ce new deal qui a commencé à se matérialiser, c’est l’une des raisons pour lesquelles l’Accord de Cotonou qui régit les pays ACP tarde à aboutir à la signature de l’Accord de Samoa.
Au-delà̀ des accords bilatéraux et multilatéraux, on a observé un intérêt des entreprises étrangères pour l’Afrique dont les institutions étrangères et les États s’en servent aujourd’hui comme outils de coopération pour promouvoir l’externalisation de leur multinational sur le continent.
Encore en 2022, les Partenariats public-privé (PPP) largement plébiscités par les États africains comme nouveau mode de financement des infrastructures ont fortement marqué les esprits. Un changement de paradigme qui devra être visible dans la diplomatie économique afin que ces collaborations soient conformes aux ODD. D’où l’externalisation constatée des entreprises européennes à travers les PPP aussi plébiscités par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou le Fonds monétaire international comme une source alternative de financement d’infrastructures et services publics en Afrique.
S’agissant de la coopération régionale, ce qui restera d’actualité pour l’année écoulée, c’est la poursuite de l’intégration régionale à travers la mise en œuvre des projets phares déclinés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine intitulé « L’Afrique que nous voulons » et ceux des huit communautés économiques régionales à l’instar de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, la Communauté de développement de l’Afrique australe et la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, susceptibles de servir de base pour accroître la fonctionnalité de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) entrée en vigueur le 1er janvier 2021.
Avec comme objectif la réduction de la dépendance étrangère par la promotion de la libéralisation économique, la Zlecaf n’est pas cependant sans risque pour l’environnement des affaires. D’où la nécessité de se doter d’infrastructures et de nouer des partenariats gagnants-gagnants avec les entreprises du monde.
L'autre point positif qui participe à la dynamique des économies africaines est la vision, bien que peu probable, vers « l’émergence » qui demeure d’actualité, en témoigne l’alignement des dates de croissance que se sont fixés certains pays tels que le Sénégal en 2035, Gabon en 2030 et le Congo en 2025 pour ne citer que ces trois qui se sont également dotés chacun d’instruments ou programmes de développement économique. Le cas du Plan national de développement au Congo, le PSE au Sénégal et le PSGE pour le Gabon. Courant 2023, la coopération multilatérale ou bilatérale des pays africains sera un impératif de la résilience de l’Afrique face aux défis communs et mondiaux.