Mali: une enquête réclamée sur d’éventuels crimes commis par les forces armées et Wagner

Mercredi, Février 15, 2023 - 15:15

Des experts indépendants de l’ONU ont appelé à une enquête indépendante sur des violations flagrantes des droits humains et “ d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 2021 au Mali, par les forces gouvernementales et la société privée paramilitaire, Wagner ”.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par des informations crédibles, selon lesquelles, au cours de plusieurs jours fin mars 2022, les forces armées maliennes accompagnées de militaires soupçonnés d’appartenir au groupe Wagner ont exécuté plusieurs centaines de personnes, qui avaient été rassemblées à Moura, un village dans le centre du Mali », ont fait valoir les experts onusiens, relevant avoir directement fait part de leurs préoccupations aux autorités maliennes. Aussi, depuis 2021, ces experts auraient reçu des « récits persistants et alarmants d’exécutions horribles, de charniers, d’actes de torture, de viols et de violences sexuelles ».

Le Mali aurait noué un partenariat avec des combattants du groupe russe Wagner en 2021 pour l’aider à combattre les groupes armés djihadistes qui mènent une insurrection depuis dix ans et qui s’est étendue aux pays voisins.  Selon les experts, les rapports font état aussi « de pillages, de détentions arbitraires et de disparitions forcées perpétrées par les forces armées maliennes et leurs alliés dans la région de Mopti et ailleurs, dans le contexte des hostilités en cours ».

Outre les membres du groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires et sur les disparitions forcées, ce texte est notamment signé par Fionnuala Ní Aoláin, rapporteure spéciale sur la lutte antiterroriste; Alice Jill Edwards, rapporteure spéciale sur la torture; et Reem Alsalem, rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes. Ils estiment que la plupart des victimes appartenaient à la minorité peule.  « Nous sommes troublés par l’augmentation apparente d’attribution de fonctions militaires traditionnelles au groupe Wagner dans diverses opérations militaires, y compris des opérations définies comme antiterroristes, notamment à Nia Ouro, Gouni et Fakala », ont détaillé les experts.“ Les victimes de Wagner sont confrontées à de nombreux défis pour accéder à la justice et à des réparations pour les violations des droits humains, y compris les violences sexuelles et les crimes commis à leur encontre, en particulier en raison du secret et de l’opacité qui entourent les activités de ce groupe au Mali ”, ont-ils ajouté.

Les experts invitent Bamako à faire preuve de la plus grande vigilance pour “interdire la participation directe aux hostilités de tous les individus opérant sur son territoire”. « L’utilisation de mercenaires, d’acteurs assimilés à des mercenaires et de sociétés militaires et de sécurité privées ne fait qu’exacerber le cycle de violence et d’impunité qui prévaut dans le pays », ont insisté les experts, critiquant « le manque de transparence et l’ambiguïté sur le statut juridique du groupe Wagner ». S’ajoutent à cela, les représailles contre ceux qui osent s’exprimer, créant « un climat général de terreur pour les victimes et d’impunité totale pour les abus de Wagner » dans ce pays du Sahel central. La stabilisation du pays est cruciale pour l’ensemble de la région, alors que la Minusma est  déployée au Mali depuis près de dix ans.

Noël Ndong
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